Sculpture développable à manipuler

diamètre: 59,5 cm
Dans les années 50, alors que l’abstraction
géométrique domine l’art brésilien, la jeune Lygia
Clark part se former à Paris accompagnée de ses
trois enfants. Elle y fréquente le studio d’Árpàd
Szenes et l’atelier de Fernand Léger, où elle réalise
ses premières peintures à l’huile. De retour à
Rio, elle rejoint le groupe d’esprit constructiviste
Frente, marqué par l’art de Georges Vantongerloo,
Joseph Albers et Max Bill, qui donnera naissance
au mouvement néo-concret. Progressivement,
l’artiste abandonne la clarté utopiste de ses
premières compositions géométriques. Elle
troque l’espace fictif du tableau pour l’espace
du quotidien, impliquant le visiteur dans la
manipulation de ses sculptures-objets. Son
appréhension sensuelle, poétique et jubilatoire
de la création artistique s’inscrit dans un Brésil en
plein développement, où l’artiste affirme avec force
le caractère social et politique de son travail. Ses
productions assimilables à des rituels se situent
à mi-chemin entre l’art et la thérapie, et engagent
personnellement le public. Après les Unidades
[Unités] (1959) ou tableaux reliefs modulaires,
l’artiste se consacre aux Casulos [Cocons] (1959)
puis aux Bichos [Bêtes] (1960).
Les Bichos, sculptures manipulables, appartiennent
à la phase culminante de l’art de Clark.
Constructions élémentaires constituées de plaques
de métal, elles s’articulent au moyen de charnières.
Évoquant tant le monde végétal qu’animal
(Invertébré, 1960 ; Crabe, 1960-1963), elles offrent
une variété infinie de formes virtuelles. « Le Bicho (la
bête) émergeait de moi, jaillissait en une explosion
obsessionnelle » se souvient l’artiste. Véritables
organismes vivants entrant en relation avec le
spectateur, les Bichos anticipent, selon Umberto
Eco lui-même, le célèbre concept d’« œuvre
ouverte », fondement de l’esthétique relationnelle.
Avec Sculpture développable à manipuler, qui
s’ouvre comme une fleur de métal, l’artiste propose
donc au public une expérience tant esthétique que
sensorielle et psychologique. Clark inaugure avec
cette série un art existentiel fondé sur l’expérience
sensible qu’elle approfondira dans de nombreux
travaux (gants sensoriels, masques) destinés à des
performances. Entreprenant une psychanalyse de
1972 à 1974 auprès de Pierre Fédida, l’artiste affirme
la visée thérapeutique de son œuvre et transforme
pour ce faire son appartement en un espace
politique d’échanges et de rencontres.
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