Marie-Madeleine à la grotte de la Sainte-Baume

Ce très beau tableau, qui ornait autrefois la chapelle Saint-Charles du couvent des Carmélites de la rue Saint-Jacques, n’a pas encore trouvé son attribution exacte. Il a été réalisé par un élève de Le Brun, d’après les dessins du maître. L’ensemble de la chapelle, dédiée à la sainte, avait été conçu par Le Brun lui-même à la demande de l’abbé Le Camus, libertin converti grâce aux écrits du cardinal de Bérulle, figure éminente de la Contre- Réforme en France. Marie-Madeleine, dont la dévotion était particulièrement importante dans le milieu des Carmélites, est ici représentée dans la grotte de la Sainte-Baume où elle se serait retirée après sa venue en Provence. Madeleine méditant sur la vanité de la vie terrestre incarne la pénitence aux yeux des fidèles. La discipline, petit fouet avec laquelle elle se flagelle, ainsi que le cilice, étoffe de crin qu’elle porte à même la peau, sont les instruments de sa mortification. Le visage baigné de larmes, elle tient un crucifix et un crâne, symbole de vanité. L’expression d’extase de la sainte est en tous points conforme au canon fixé par Le Brun pour exprimer les passions. Sa longue chevelure dorée, répandue sur ses épaules, ainsi que le drapé de son habit, savamment disposé, expriment tout autant que son visage l’abandon de la sainte. Mais cette œuvre vaut surtout par son merveilleux paysage montagnard qui occupe la presque totalité de la composition. La grotte, plongée dans l’obscurité, s’ouvre par degrés successifs sur un ciel éblouissant, métaphore de la lumière divine. Le magnifique chardon au premier plan, véritable nature morte, est par ailleurs chargé d’une riche valeur symbolique. Recouvert d’épines, il évoque d’abord la Couronne qui ceint le front du Christ sur la Croix. Mais, ne se fanant pas une fois coupé, le chardon est aussi un symbole d’immortalité. Saisi à la Révolution, ce tableau est envoyé à Grenoble dès 1799.
Un autre regard
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Elle est appréhendée dans ses dimensions sociales et culturelles à travers la sculpture et la peinture, du XVIIe siècle à l’art contemporain.
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France / XVIIe siècle
Au moment où l'Europe entre en pleine période de Contre Réforme, les tableaux religieux deviennent des supports de dévotion, mais aussi de persuasion.
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