Etude de tête de femme, dite La Folle

Peintre d’histoire, Jacques-Louis David exécute également des portraits tout au long de sa carrière et, pour s’y exercer, de nombreuses études de têtes. Celle-ci appartenait à Henri Fantin-Latour, elle figure sur la liste des œuvres de sa collection léguées par sa veuve au musée. Il s’agit d’un bien de famille, sans doute hérité de son père Jean-Théodore, lui-même peintre formé par Benjamin Rolland, un élève de David. Au cours de son premier séjour à Rome (1775-1780), David a beaucoup observé la peinture italienne, celle de Raphaël mais aussi celle de Caravage et de ses adeptes. Ses portraits en témoignent ; ils montrent des personnages de chair et de sang qui ont une présence quasi physique. Œuvre de jeunesse, exécutée vers 1780, l’Étude de tête de femme en est un bel exemple. Les yeux grands ouverts et la fixité de son regard lui donnent un air étrange, voire halluciné, d’où le sous-titre, La Folle. La coiffure échevelée et les épaules à demi-nues confirment cette impression. Mais il s’agit avant tout d’une étude, d’une mise au point à laquelle l’artiste s’essaye librement, sans répondre ni à une commande ni à une obligation d’achèvement. Loin de l’idéal de perfection qu’il recherche dans ses tableaux, David se livre ici à l’exécution éblouissante d’un portrait pris sur le vif. La tête, comme interrompue dans son mouvement vers la droite, capte une lumière crue qui éclaire la moitié du visage et en souligne les reliefs. Saisi à grands coups de brosse, ce buste révèle un métier bien maîtrisé, en particulier dans la façon de traiter la chevelure et le vêtement à l’aide d’une matière fluide et généreuse. La sobriété des couleurs, composées d’une gamme nuancée de bruns, de gris et de beige est tout aussi remarquable. L’usage du frottis pour peindre le fond, selon une technique chère à l’artiste, crée de multiples vibrations et participe de cette écriture enlevée qui semble si moderne aujourd’hui.
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