Vue de Montmartre depuis la Cité des Fleurs aux Batignolles
Paysagiste avant tout, Sisley représente rarement la capitale. Le vaste panorama de ce tableau s’ouvre sur la butte Montmartre, vue en contrebas depuis la Cité des Fleurs située aux Batignolles, un quartier peu urbanisé où la nature est encore préservée. La composition très structurée de cette peinture se présente comme une superposition de bandes colorées qui épousent le tracé oblique du chemin, tandis que les arbustes, disposés en cercle au premier plan, donnent de la profondeur et interrompent le caractère linéaire du paysage. Le choix du cadrage comme la position étudiée de la ligne d’horizon sont révélateurs de l’art de Sisley qui, à l’instar de celui de Corot dont il se dit l’élève, ne laisse rien au hasard quant à l’organisation spatiale de ses tableaux. La gamme de couleurs froides, que dominent le vert franc de l’herbe et les différents gris des architectures, est ponctuée de rares nuances plus lumineuses, ocres pâles et roses, réservées à quelques façades et à la partie haute du chemin. Loin d’être un simple décor, le ciel occupe la moitié de la toile ; parcouru par une multitude de nuages gris et blancs en formation, il en devient l’élément le plus animé. À trente ans, lorsqu’il peint cette œuvre, l’artiste possède déjà un solide métier comme l’attestent la diversité et la qualité de sa facture : l’application hardie de la couleur verte à l’aide d’une brosse large, la précision et la finesse du trait pour décrire les personnages et les habitations, ou encore les transparences du ciel, rendues par la fluidité de la touche. Soucieux de montrer le caractère quelque peu austère de ce quartier entre ville et campagne, le peintre rejette toute anecdote à l’exception du personnage de dos qui regarde passer le cheval et la carriole. Cette peinture qui précède l’épanouissement de l’impressionnisme chez Sisley n’en présente pas moins les caractéristiques quant à l’originalité de la mise en page et à la priorité accordée à la couleur.
Un autre regard
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Le paysage au XIXe siècle
Au XIXe siècle, la peinture de paysage prend une place considérable dans la production des peintres. Elle cherche à rompre avec l'académisme et ses règles de composition.