Etude de trois figures

Le dessin figure parmi les premières oeuvres
graphiques acquises au moment de la création
du musée en 1798. Ce noyau initial de
la collection a été très malmené au début du
XIXe siècle et peu de dessins rassemblés par le
premier conservateur Louis-Joseph Jay subsistent
encore aujourd’hui[1].
David Teniers esquisse ici trois personnages
au graphite. Un homme porte un plateau,
un garçon tient son chapeau à la main et un
vieillard est assis sur une chaise, les deux bras
levés. Deux des personnages sont proches d’un
tableau de l’artiste, La Fête aux chaudrons, daté
de 1646 et conservé dans la collection du duc
de Bedford à Woburn Abbey[2]. Le sujet évoque
un fameux pèlerinage populaire à Ekeren,
dans les environs d’Anvers, organisé pour
l’adoration d’une croix. Ensuite, les pauvres
étaient nourris, ce qui assurait le succès populaire
de cet événement. Le garçon au centre du
dessin est légèrement différent dans la composition
peinte qui le montre plus de profil. Son
chapeau à la main, il fait partie d’un groupe
de citoyens prospères, peut-être les bienfaiteurs
de cette procession et commanditaires
du tableau. L’homme à droite sur le dessin
prépare le vieillard qui distribue des petits
drapeaux pour commémorer le pèlerinage et
gagne ainsi quelques sous.
Le peintre de cour David Teniers illustre souvent
dans son oeuvre l’harmonie qui existe
entre les différentes couches de la société flamande
ainsi que la richesse du pays. Héritier
lointain du grand Pieter Brueghel l’Ancien –
en 1637, il se marie avec sa petite-fille Anna –,
il met tout son art au service des Habsbourg et
occupe à Bruxelles les fonctions de peintre de
cour et de conservateur de leurs riches collections.
En 1663, il est même anobli après avoir
acheté une maison de campagne à Perk.
On est loin ici des interrogations posées par
Brueghel dans ses tableaux face à la terrible
situation des Pays-Bas de son époque. Chez
Teniers, presque un siècle plus tard, les conflits
sont enfin apaisés et les Flandres respirent le
bonheur de vivre.
[1] Voir Lagier, 2010, p. 11-12.
[2] Voir cat. exp. Karlsruhe, 2005, n°48, repr.
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