L'Esprit de Dieu planant sur les eaux
Les informations répertoriées sur Simon Lantara et son œuvre sont à la fois rares et fantaisistes. Peintre de paysages de la région parisienne, il n’accède ni à l’Académie ni aux Salons bien qu’une partie de sa vie se déroule à Paris où il accomplit une carrière modeste. Après sa mort et tout au long du XIXe siècle, sa réputation d’artiste bohème fait pourtant de lui le héros posthume de plusieurs pièces de théâtre ainsi que le personnage d’un roman populaire et d’un feuilleton. La naissance du paysage peint « d’après nature » lui est longtemps attribuée au regard de sa pratique dans la forêt de Fontainebleau et de sa capacité à en restituer l’atmosphère. À l’âge de 23 ans, Lantara peint cette étonnante marine, signée et datée de 1752. Le tableau illustre les premiers mots de la Genèse : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vague et vide, les ténèbres couvraient l’abîme, l’esprit de Dieu planait sur les eaux ». Dans sa partie supérieure, au centre d’un triangle équilatéral lumineux symbolisant la manifestation de Dieu, le mot « _YHVH _» (Jehovah) est tracé en hébreu. Avec cette inscription, l’œuvre quitte le statut de paysage marin pour celui de peinture religieuse voire de composition symboliste. La toile est partagée en deux moitiés inégales, dans une partition où l’espace réservé au ciel est largement supérieur à celui représentant les eaux. Centrée entre deux nuages dont l’un évoque fortement une silhouette d’ange vaporeux, la lumière ambrée diffuse ses rayons obliques en direction de la masse sombre des vagues et en illumine les crêtes. La qualité de ces effets et la belle perspective atmosphérique du tableau évoquent l’art de Claude Lorrain. Cette observation du réel qui rapproche Lantara du maître des soleils couchants s’accompagne cependant d’une vision métaphysique toute personnelle de l’artiste.
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