Etude de femme nue assise

Noël HALLE
1753
28,6 x 39,8 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3560, n°392).

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Déclassée à une date indéterminée dans les boîtes « Vrac », cette vigoureuse et rare académie féminine avait perdu aussi bien son attribution que sa provenance. Une inscription Natoire placée à la pierre noire sur le montage a permis de mettre en relation la feuille avec une mention de l’inventaire manuscrit de la collection Mesnard, conservé au musée.
L’attribution à Natoire, aisément compréhensible lors de l’entrée du dessin en 1902, n’est plus recevable aujourd’hui si l’on détaille l’anatomie, la technique et le visage de la jeune femme. Natoire dessine rarement sur papier bleu, son trait n’est pas aussi linéaire et précis qu’ici, ses figures féminines ne sont pas campées avec autant de solidité. Le visage particulier de la jeune femme au front haut, au nez pointu, nous a permis de rapprocher le dessin de l’œuvre d’un contemporain de Natoire, Noël Hallé. Cette attribution, purement formelle, s’est vue par la suite confirmée par l’existence d’une peinture indiscutable de Noël Hallé, que prépare cette étude.
Issu d’une dynastie d’artistes, élève de son père Claude-Guy (MG D 2669 ) et de son oncle Jean Restout (MG D 1565 et de MG 2011-0-91-1 à MG 2011-0-92-2 ), Noël fait partie de la nouvelle génération de peintres qui émerge dans les années 1750. Pratiquant tous les genres, il est surtout reconnu pour ses talents de peintre d’histoire et il fera partie, en 1773, du groupe choisi par Pierre pour réaliser le prestigieux et emblématique cycle de la vie de saint Louis (MG D 132), destiné à la chapelle de l’Ecole Militaire. Comme chez la plupart des artistes de son temps, la production de Noël se partage entre les grandes compositions religieuses et des œuvres décoratives - en général des dessus de portes à sujets mythologiques ou allégoriques - destinées à orner les demeures parisiennes. C’est à cette dernière production que se rattache cette académie féminine, qui prépare une allégorie du Soir, incarnée par la figure de Diane conduisant un char tiré par des cerfs . Le tableau, accompagné de deux autres montrant Le Midi *(Vénus et l’Amour) et *La Nuit , a été exposé au Salon de 1753. L’ensemble avait été exécuté, comme l’indique le livret du Salon au fermier général Charles-François Gaillard de La Bouexerie, pour son hôtel particulier de la place de Clichy, construit par Antoine-Mathieu Le Charpentier . Aujourd’hui, les allégories du Soir et de la Nuit sont localisées, alors celle du Midi demeure non localisé. Il existe également un autre dessin préparatoire pour le Soir, montrant le petit Amour tenant une flèche qui se blottit dans les bras de Diane, ainsi qu’une esquisse peinte. L’apparition du dessin de Grenoble contribue ainsi à mieux connaître la genèse de l’Allégorie du Soir et, de façon plus générale, la méthode de travail de l’artiste.

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