Amusement

Kees VAN DONGEN
1914
100,3 x 81,2 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs Agutte-Sembat en 1923.

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Après des débuts en Hollande dont il est originaire, Kees van Dongen choisit en 1899, comme nombre d’artistes européens de cette époque, de rejoindre Paris, capitale de la modernité artistique, pour y poursuivre sa carrière. Sa rencontre avec Matisse et Vlaminck en 1904 oriente sa peinture vers une spectaculaire libération de la couleur qui justifiera pleinement l’appellation de Fauve. Sa participation au Salon des Indépendants à partir de 1904, puis au Salon d’Automne de 1905, où le mouvement sera baptisé par le critique Vauxcelles, ne sont que les premières étapes d’une entrée fracassante sur la scène des avant-gardes, avant un succès mondain qui fera de lui le portraitiste attitré des personnalités en vue. La violence des tonalités, où le rouge domine, l’exotisme des motifs décoratifs, la touche rapide et énergique apparentent par ailleurs son travail au mouvement allemand Die Brücke. Dès les premières années, son sujet de prédilection est la femme, bourgeoise ou prostituée, habillée de longues robes fluides par le couturier Paul Poiret, nue et provocante, dans des poses suggestives, ou encore vêtue de costumes traditionnels marocains ou égyptiens. Dans Amusement de 1914, Van Dongen parvient à combiner ces trois facettes de la figure féminine. Une femme peintre à la silhouette filiforme, vêtue d’une robe fourreau du grand couturier, se tient dans un atelier face à un tableau posé sur un chevalet. Il s’agit d’une autre œuvre de l’artiste, figurant sur un fond uniformément rouge trois prostituées, traitées dans le même coloris : Mademoiselle Miroir, Mademoiselle Collier et Mademoiselle Sopha, datée de la même année. Au mur, une autre composition de Van Dongen, Marchandes d’herbes et d’amour, met en scène deux femmes au type oriental peintes lors de son voyage en Égypte en 1913. Cette mise en abîme du tableau dans le tableau est composée de manière symétrique, figures et éléments du décor se répondant de part et d’autre. Ainsi, la petite table où trône l’éléphant répond au support du chevalet. Quant à la silhouette curviligne de la femme peintre, elle se retrouve en miroir dans la figure vêtue d’un déshabillée. À la fois exotique et décorative, cette vue d’atelier n’est pas sans rappeler L’Atelier rouge de Matisse de 1911, où seul un trait blanc découpe les formes et les inscrit dans l’espace.

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