La Petite mulâtresse

Le goût des ornements, propre à l’art musulman, n’est sans doute pas étranger à ce traitement en aplat de la surface peinte, à cette juxtaposition de motifs chatoyants qui se heurtent et créent une tension dynamique et féconde sur la surface du tableau. À la faveur de deux séjours à Tanger, en 1912 et 1913, Matisse exécute de nombreuses toiles où des personnages en costumes orientaux côtoient des paysages à la lumière éclatante. La petite mulâtresse, peinte en novembre 1912, est une commande de Marcel Sembat et de Georgette Agutte. « Nous avons envie terriblement d’une petite Marocaine, comme la femme jaune poussée sur nature », écrivent-ils à l’artiste en prenant en comparaison Zorah en jaune, aujourd’hui dans une collection particulière. Matisse campe son modèle dans un costume traditionnel aux riches accents colorés, les rouge, jaune, vert et blanc sont cernés de noir et dessinent une silhouette qui s’inscrit dans le bleu profond de l’espace à la manière d’un vitrail. Les points rouges, comme échappés du motif du tissu, semblent flotter autour de la figure et confèrent à l’œuvre une sorte de dimension féérique, comme si le personnage était tout droit sorti des Mille et une nuits.
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