Le Repos de la Sainte Famille (Le Miracle des dattes)

Comme son ami Claude Vignon, Simon Vouet commence sa carrière à Rome où il devient très vite la figure centrale de la communauté des peintres français. Pensionné par le roi Louis XIII, il est rappelé à Paris par celui-ci en 1627 et domine dès lors la vie artistique de la capitale, participant aux chantiers royaux du Luxembourg ou de Saint-Germain-en-Laye. Très vite, les commandes de retables et de décors de demeures privées affluent. D’Italie, il rapporte un art fait de sensualité et de mouvement, adaptant le langage « baroque » aux grands chantiers religieux qui fleurissent à Paris à l’époque. La capitale participe en effet à ce grand élan de reconquête catholique, la Contre-Réforme, qui voit la construction ou la réhabilitation de nombreuses églises et couvents, dévastés par les guerres de Religion. Cette Sainte Famille, peinte sur bois, ornait à l’origine le retable d’une chapelle latérale de l’église des Feuillants, située dans la rue Saint-Honoré et dont la façade, construite en 1624, était une des plus modernes de Paris. Réalisé à la demande de Michel de Beauclerc, baron d’Achères dont la famille était propriétaire de la chapelle, ce tableau illustre l’épisode du miracle des dattes, survenu lors de la fuite en Égypte. À la demande de l’Enfant Jésus, un palmier se serait penché pour laisser Joseph cueillir ses fruits. Un ange magnifique s’incline à ses genoux. Ronde de bras et de drapés virevoltants, mouvements élégants et variété des expressions, éclats des couleurs et limpidité de la lumière témoignent de la dette de Vouet envers l’art bolonais de Lanfranco. Ce tableau aux coloris précieux révèle en particulier le talent de coloriste de l’artiste, alors au faîte de sa gloire. Saisie à la Révolution, cette Sainte Famille fait partie des œuvres choisies judicieusement par Louis-Joseph Jay, premier conservateur du musée de Grenoble, pour constituer le fonds initial de la collection en 1799.
Un autre regard
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France / XVIIe siècle
Au moment où l'Europe entre en pleine période de Contre Réforme, les tableaux religieux deviennent des supports de dévotion, mais aussi de persuasion.
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