Cerf aux abois atteint par la meute, dit aussi Hallali de cerf
Reçu à l’Académie en 1699 en tant que peintre animalier, François Desportes obtient sa première commande royale dès 1700 pour la Ménagerie du château de Versailles. Jusqu’à sa mort, il représentera en série les chasses du roi – Louis XIV puis Louis XV – et les chiens de la meute. Ce tableau, commandé pour la salle des Buffets du château de Choisy acquis depuis peu par Louis XV, est une œuvre ultime. Desportes, qui meurt quelques mois après son exécution, l’a signée avec la date et la précision de son âge avancé, 82 ans. Le sujet retenu par l’artiste est une scène de vènerie dans laquelle les animaux sont saisis au moment le plus sauvage de l’hallali. Inspiré par les modèles flamands de Frans Snyders, Jan Fyt et Paul de Vos, Desportes réinterprète le genre dans un esprit français très classique, accordant une place privilégiée au paysage lumineux qui sert de toile de fond. Dans un grand format presque carré, l’avant-garde d’une meute de quinze chiens assaille un cerf dont la larme assimile ses souffrances à des émotions proches des passions humaines. Chaque animal est décrit avec une grande précision en une série de portraits individualisés par la couleur des pelages, la variété des attitudes et le rôle tenu par chacun. La composition, organisée en un rayonnement dynamique des acteurs au centre de la scène, place le spectateur au cœur de l’action, le confrontant à une beauté d’une violence quasi insoutenable. L’harmonie et l’absolue sérénité d’un paysage éclairé d’une lumière de petit matin contrastent fortement avec ce qui se déroule au premier plan.
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