(Sans titre)

Figure de proue de l’Arte povera en Italie dans
les années 60, Mario Merz élabore une œuvre
d’une grande force d’expression, autour de
quelques motifs récurrents : l’igloo, la table,
la spirale, la progression numérique dite suite
de Fibonacci, les animaux… Ces éléments ont
enrichi au fil des années un vocabulaire formel
qu’il décline tant dans le registre du dessin et
de la peinture que dans celui de la sculpture.
D’une simplicité et d’une évidence souvent
troublantes, ils recouvrent des données à la fois
symboliques et métaphysiques.
La première période de son œuvre, de 1945 à
1965, est uniquement consacrée à la peinture.
Ainsi qu’il le confie, c’est dans les geôles
fascistes à Turin en 1945 qu’il exécute son
premier dessin, le portrait de son compagnon
de cellule, « un homme avec une grande
barbe rouge ». De ce visage initial, premier,
semble découler toutes les autres figures que
Mario Merz réalisera par la suite. Des figures
débarrassées des caractéristiques particulières
du portrait et qui, telles des icônes, prennent
une dimension universelle. Icônes terribles et
dérangeantes de l’homme du XXe siècle tiraillé
entre ses origines « naturelles » et un monde en
pleine mutation, que les horreurs de la Seconde
Guerre mondiale ont durablement traumatisé.
C’est cette figure infigurable – défigurée ? – que
donne à voir ce visage inquiétant et douloureux.
Il constitue la part d’ombre de l’auteur, le visage
qui n’a cessé de le hanter.
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