Petite boite

Bois laqué et nacre
11 × 29,5 × 15,5 cm
MG 2010-0-425
La collection de Beylié comprend une dizaine d’éléments
de petit mobilier en bois laqué incrusté de nacre : ensemble
divers de plateaux, boîtes ou encore oreiller en bois. La
qualité de ces objets est variable, certains sont très
simples, d’autres beaucoup plus raffinés, comme cette
boîte à l’exécution soignée. Un motif de fleurs couvre le
coffret de manière régulière, les cartouches représentant
des décors de dragons et de nuages, à défaut d’originalité,
montrent un dessin maîtrisé et précis dans ses finitions.
Le raffinement est poussé jusqu’à la présence de décors à
l’intérieur de la boîte, tapissée sur ses parois de motifs
floraux (bambous et fleurs de pêcher).
Ces petits objets en laque étaient particulièrement prisés
par les colonisateurs, et constituaient souvent un élément
incontournable de leurs séances de « bibelotage » auxquelles
presque tous se livraient. Les récits coloniaux contemporains
de Beylié comportent souvent une description de la rue des
incrusteurs [1], point de rencontre en quelque sorte du
monde colonial et du monde des colonisés.
« Allons-nous-en par la rue des Incrusteurs, voulez-vous ? Des échoppes ainsi qu’ailleurs. […] les ateliers au
commencement, sous l’œil des passants. Là des ouvriers,
des ouvrières surtout, brisent des coquilles d’huîtres
perlières […], découpent la nacre sur leur dessin, portent
celui-ci sur la planche à incruster, l’y calquent, puis burinent
le bois aussi exactement que possible entre les lignes
marquant le contour du morceau à marqueter, et fixent
enfin la nacre dans l’entaille obtenue. Ces diverses opérations
se font à l’aide d’instruments rudimentaires dont hommes et
femmes usent avec une adresse merveilleuse. Par malheur,
c’est un travail de patience, et l’on m’a demandé deux ans,
avec des avances trimestrielles, pour me confectionner
une bibliothèque [2]. »
Ces objets retenaient l’intérêt des colons, car légers, ils
étaient faciles à envoyer comme souvenir ou cadeau et
Léon de Beylié en envoie ainsi à ses proches et à ses amis.
À l’époque, l’arrivée des Européens dans le nord du
Vietnam a eu un impact certain sur ce type d’artisanat, car,
faisant augmenter la demande, elle a considérablement
participé à son développement. Encore aujourd’hui, les
petits objets en laque restent parmi les plus recherchés
par les touristes qui visitent le Vietnam.
[1] Les artisans se réunissaient par corporation dans une même rue. Encore aujourd’hui, cette organisation subsiste dans l’ancien quartier marchand de Hanoi. Cette rue, qui allait devenir l’une des plus important de Hanoi sous le nom de Paul Bert, était d’autant plus importante dans les années 1880 qu’elle reliait la concession française à la citadelle et à la ville vietnamienne (Dr. Hocquard, Une campagne au Tonkin, 1892, édition présentée et annotée par Philippe Papin, Arléa, Paris, 1999, p.223).
[2] Paul Bonnetain, Au Tonkin, Victor Havard, Paris, 1885, p. 239.
Découvrez également...
-
Vase
XIXe siècle -
Poème au mégaphone
1978 -
Les Accords
1774