Le Repas d'Emmaüs

Matthias STOMER
XVIIe siècle
Huile sur toile
130 x 164 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat par la Ville en 1826.
Localisation :
SA06 - Salle 06

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Brillant foyer du caravagisme européen, l’école d’Utrecht puise sa force à Rome où Hendrick ter Brugghen, Dirk van Baburen et Gerrit van Honthorst partent étudier l’art du maître. Attentifs aux écrits du célèbre historien d’art Karel van Mander, et notamment au Schilder-boeck (Le livre des peintres) publié en 1604, ces peintres découvrent avec fascination l’art révolutionnaire et réaliste du Caravage. Élève d’Abraham Bloemaert à Utrecht, comme lui peintre catholique en terre protestante, Matthias Stomer se forme lui-même au caravagisme auprès de son condisciple Honthorst, surnommé Gherardo delle Notti (Gérard des Nuits). À l’occasion de nombreux voyages en Italie, l’artiste se spécialise dans la peinture de scènes religieuses et réalise plus de dix variantes du Repas d’Emmaüs, dont certaines versions sont conservées à Naples (Museo di Capodimonte) et à Madrid (Museo de arte Thyssen-Bornemisza). Le sujet est l’un des plus graves de la peinture de la Contre-Réforme catholique qui, nourrie du Concile de Trente, instaure une nouvelle politique religieuse et réaffirme la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. Stomer se tient ici au plus près du texte de l’Évangile de Luc. Le Christ rompt le pain en présence de Cléophas et d’un autre disciple. Stupéfaits par son geste, les deux hommes prennent conscience de la Résurrection du Christ. Le jeune serviteur qui apparaît dans l’obscurité est une adjonction que l’on trouve notamment dans La Cène à Emmaüs du Caravage (The National Gallery, Londres ; autre version à la Pinacoteca di Brera, Milan). Le sel, l’épaule d’agneau comme le pain viennent ici conforter la présence réelle du Christ, quand la présence anecdotique du chien au premier plan ancre ce repas dans la tradition nordique. Le tableau est considéré comme une œuvre très caractéristique du talent de Stomer qui adopte le luminisme d’Honthorst – l’éclairage à la chandelle vient structurer une composition désaxée – et l’intensité dramatique des compositions du Caravage. Appartenant aux années romaines ou napolitaines de l’artiste (1620-1640), l’œuvre condense certains détails caractéristiques de l’art de Stomer : effet de saisissement, expressions théâtrales, yeux écarquillés et poses un peu figées. Outrant certains effets du Caravage, l’artiste perd en émotion ce qu’il gagne en précision technique.

Un autre regard

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