Homme drapé portant un turban sur la tête

L’appartenance de ce dessin à la communauté
stylistico-technique issue de modèles élaborés
par Gaudenzio Ferrari ne fait aucun doute. Dire
ensuite s’il s’agit d’une œuvre certaine de
Gaudenzio Ferrari lui-même ou d’un de ses
élèves ou suiveurs, tels que Gerolamo Giovenone
(c. 1490 – 1555) ou Bernardino Lanino,
est en revanche beaucoup plus compliqué.
La première difficulté, qui est en partie à l’origine
du problème de son attribution, réside
dans le fait qu’aucune figure peinte, à notre
connaissance, ne reprend celle dessinée sur la
feuille grenobloise tant dans les œuvres de
Gaudenzio, de Giovenone ou de Lanino, que
d’autres suiveurs et épigones de Ferrari. Il en
est de même pour les cartons attribués aux
membres de l’école gaudenzienne dont on
conserve un nombre assez important à l’Accademia
Albertina à Turin : aucun ne suit la pose
de ce personnage vêtu à la fois all’antica et à la
manière des Ottomans (c’est sûrement
d’ailleurs la raison pour laquelle le dessin a été
attribué à Gentile Bellini qui fit, on s’en
souvient, un voyage à Constantinople).
Et pourtant ce type de figure se retrouve dans
les œuvres de pratiquement tous les gaudenziens.
On peut même en dresser les contours
d’utilisation iconographique. Elle apparaît ainsi
dans quatre grands dispositifs christologiques,
la Déploration sur le Christ mort, l’Adoration
des Rois mages, le Christ parmi les docteurs et
l’Ecce Homo, respectivement sous les traits de
Nicodème ou de Joseph d’Arimathie, d’un des
Rois mages, des docteurs et de Ponce Pilate. Elle
est également utilisée dans l’histoire de saint
Jean-Baptiste. Là c’est Hérode qui se glisse dans
les habits de cette figure. On la retrouve aussi
dans l’histoire de sainte Catherine d’Alexandrie.
Un grand ensemble peint à fresque entre 1546
et 1548 par Lanino à Santa Caterina presso San
Nazzaro à Milan la montre sur cinq registres
différents sous les traits de l’empereur, ordonnateur
du martyre, et de docteurs.
La deuxième difficulté relève à proprement
parler de l’appareil stylistique utilisé. Gaudenzio
et Lanino emploient les mêmes stylèmes dont
l’effet d’ensemble est comparable aux gravures
communément appelées de chiaroscuro,
opposant de manière accentuée l’ombre et la
lumière. Tous deux dessinent de manière
minutieuse, même si Lanino peut se permettre
d’être parfois plus lâche et libre dans
la conduite de certains médiums. Et tous deux
sont l’auteur de dessins de grande qualité, ce qui
ne semble pas être le cas d’un dessin conservé à
l’Art Museum de Princeton portant une
ancienne attribution à Gaudenzio, dont la
faiblesse d’exécution laisse penser qu’il s’agit
plutôt d’une copie du dessin de Grenoble
réalisée soit dans l’atelier de Gaudenzio, soit
dans celui de Lanino, à moins qu’il ne s’agisse
de celui de Giovenone, si la feuille source revient
à ce dernier.
Toutes ces difficultés nous amènent à rester
prudents et à laisser l’œuvre sous l’appellation
générique d’« école de ».
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