Homme drapé portant un turban sur la tête

Gaudenzio FERRARI (école de)
XVIe siècle
Plume, encre noire et encre brune, lavis d'encre noire, rehauts de gouache blanche, sur un tracé à la pierre noire, trait d'encadrement rapporté au graphite sur papier bleu doublé
25,5 x 12,8 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3544, n°1388).

Voir sur navigart

L’appartenance de ce dessin à la communauté stylistico-technique issue de modèles élaborés par Gaudenzio Ferrari ne fait aucun doute. Dire ensuite s’il s’agit d’une œuvre certaine de Gaudenzio Ferrari lui-même ou d’un de ses élèves ou suiveurs, tels que Gerolamo Giovenone (c. 1490 – 1555) ou Bernardino Lanino, est en revanche beaucoup plus compliqué. La première difficulté, qui est en partie à l’origine du problème de son attribution, réside dans le fait qu’aucune figure peinte, à notre connaissance, ne reprend celle dessinée sur la feuille grenobloise tant dans les œuvres de Gaudenzio, de Giovenone ou de Lanino, que d’autres suiveurs et épigones de Ferrari. Il en est de même pour les cartons attribués aux membres de l’école gaudenzienne dont on conserve un nombre assez important à l’Accademia Albertina à Turin : aucun ne suit la pose de ce personnage vêtu à la fois all’antica et à la manière des Ottomans (c’est sûrement d’ailleurs la raison pour laquelle le dessin a été attribué à Gentile Bellini qui fit, on s’en souvient, un voyage à Constantinople).
Et pourtant ce type de figure se retrouve dans les œuvres de pratiquement tous les gaudenziens. On peut même en dresser les contours d’utilisation iconographique. Elle apparaît ainsi dans quatre grands dispositifs christologiques, la Déploration sur le Christ mort, l’Adoration des Rois mages, le Christ parmi les docteurs et l’Ecce Homo, respectivement sous les traits de Nicodème ou de Joseph d’Arimathie, d’un des Rois mages, des docteurs et de Ponce Pilate. Elle est également utilisée dans l’histoire de saint Jean-Baptiste. Là c’est Hérode qui se glisse dans les habits de cette figure. On la retrouve aussi dans l’histoire de sainte Catherine d’Alexandrie. Un grand ensemble peint à fresque entre 1546 et 1548 par Lanino à Santa Caterina presso San Nazzaro à Milan la montre sur cinq registres différents sous les traits de l’empereur, ordonnateur du martyre, et de docteurs.
La deuxième difficulté relève à proprement parler de l’appareil stylistique utilisé. Gaudenzio et Lanino emploient les mêmes stylèmes dont l’effet d’ensemble est comparable aux gravures communément appelées de chiaroscuro, opposant de manière accentuée l’ombre et la lumière. Tous deux dessinent de manière minutieuse, même si Lanino peut se permettre d’être parfois plus lâche et libre dans la conduite de certains médiums. Et tous deux sont l’auteur de dessins de grande qualité, ce qui ne semble pas être le cas d’un dessin conservé à l’Art Museum de Princeton portant une ancienne attribution à Gaudenzio, dont la faiblesse d’exécution laisse penser qu’il s’agit plutôt d’une copie du dessin de Grenoble réalisée soit dans l’atelier de Gaudenzio, soit dans celui de Lanino, à moins qu’il ne s’agisse de celui de Giovenone, si la feuille source revient à ce dernier.
Toutes ces difficultés nous amènent à rester prudents et à laisser l’œuvre sous l’appellation générique d’« école de ».

Découvrez également...