Petit bahut

200 × 110 × 51 cm
Legs de Léon de Beylié en 1914
MG 2010-0-25
72 × 63,5 × 28,5 cm
Don de Léon de Beylié en 1889
MG 2010-0-56
Ce type de bahut était très apprécié par les Français en
Indochine. D’ailleurs, Beylié mentionne qu’il veut absolument
acquérir l’un d’eux pour que sa chambre « orientale » soit
complète [1]. Reprenant plus ou moins la forme des autels
des ancêtres, ces meubles permettent à l’artisan de
déployer tout son savoir-faire sur une surface importante,
et souvent de développer de grands éléments de décor
qui garantissent un certain pittoresque, apprécié des
colonisateurs. Ainsi ces bahuts sont-ils souvent mis en valeur
dans les sections artisanales des différentes expositions
proposant les produits de la colonie et font partie des
modèles favoris du répertoire des écoles d’artisanat
ouvertes par le gouvernement en Indochine.
La collection de Beylié en comporte deux exemples. Le
premier, composé de deux corps (MG 2010-0-25), est une pièce remarquable
par la précision et le détail des décors, aussi bien du point
de vue du travail du bois que de celui de la nacre. Nous
avons indéniablement affaire à une pièce de grande qualité.
Le meuble s’ancre sur de solides pieds en forme de dragons,
dont celui du centre tient dans sa gueule le signe de la
joie (hi). Cette partie pleine s’oppose au reste du meuble,
tout en légèreté, composé principalement de panneaux
en délicats lacis ajourés, accueillant des médaillons sculptés
ou incrustés de nacre. Le treillis de bois finement ciselé
reproduit des motifs géométriques ou un décor végétal,
avec différents types de feuillages dans lesquels se cache
une faune variée : singes, oiseaux, chauves-souris… Le raffinement
est poussé jusqu’à dessiner les détails du pelage et
du plumage de ces animaux. Le médaillon sur la partie
latérale du meuble présente le motif de la grue juchée sur
tortue, symbole de longévité. Les nacres dans les
médaillons frontaux du meuble sont aussi raffinées que le
décor sculpté. Ainsi peut-on admirer le jeu des couleurs
produit par les différentes plaques de nacre qui composent
les corbeilles de fleurs de la partie basse du meuble. De
même, dans les médaillons de la partie haute, on remarquera
la finesse du travail d’incrustation, avec les chauves-souris
et les rongeurs dessinés dans leurs moindres détails et
évoluant dans la vigne. L’habileté de l’artisan rend admirablement
le délié et la finesse des vrilles de la vigne.
Si les parties sculptées sur bois en ajours ont été
endommagées, en revanche, les décors de nacre sont quasi
intacts et prouvent la grande qualité du travail, les éléments
de nacre ayant tendance à se dessertir au cours du temps.
Le deuxième bahut à quatre portes (MG 2010-0-56) est plus commun avec
une forme très répandue, semblable à un autel des
ancêtres. Les battants sont ornés de décors bucoliques
représentant des lettrés jouant aux échecs et buvant du
thé dans un paysage champêtre. On retrouve dans les
autres parties du meuble les décors classiques avec les
dragons, les signes des huit joyaux et les idéogrammes
stylisés.
[1] Léon de Beylié, lettre à sa mère, 31 juillet 1885.
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