Fauteuil style chinois

Asie, Vietnam, Tonkin
XIXe siècle
100,5 x 67 x 52,5 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Acquisition Léon de Beylié

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Bois, marbre et nacre
102 × 67 × 52,5 cm
MG 2010-0-43

Le musée de Grenoble conserve aujourd’hui plusieurs paires de ces chaises de type nanguanmaoyi, pour reprendre la classification chinoise du mobilier. Ce sont des fauteuils à accoudoirs avec assise carrée. Ce type de chaises, inspiré des modèles chinois, était le genre le plus répandu du mobilier de l’élite et des hauts fonctionnaires de l’administration vietnamienne. Nombreuses sont les photographies datant du début de la période coloniale où l’on voit les mandarins poser dignement sur ces chaises. Objets de prestige, elles constituent l’un des éléments principaux du mobilier possédé par les Vietnamiens les plus aisés, alors que les gens modestes ne possédaient pratiquement pas de mobilier. Ainsi, le docteur Hocquard témoigne-t-il, à la même époque que Beylié : « Le mobilier d’un riche Annamite est tout à fait rudimentaire, on trouve dans la salle de réception de grands bancs de bois dont les dossiers sont ornés de jolies sculptures, de fauteuils de même modèle, quelques petits tabourets chinois dont le siège est fait d’une plaque de marbre, une ou deux tables, quelquefois garnies d’une moustiquaire[1]. »
Cette chaise en bois sombre, qui fait partie d’une paire, possède un dossier et une assise composée d’une plaque de pierre qui a l’aspect d’un marbre rouge. Ce type d’incrustation était plus rare, et augmente certainement la valeur de ces chaises. Les parties sculptées présentent des bandes de décor végétal associées à des nuages stylisés, mais les finitions sculptées restent assez frustes (l’arrière des panneaux n’est pas traité). En revanche, le thème est repris à l’intérieur des bandes, de manière plus minutieuse. Un décor d’incrustation en nacre détaille par des traits incisés fleurs et fruits, auxquels s’ajoutent le signe bonheur (phuc), dans sa forme de disque, et un décor de sapèque pour la frise entourant l’assise de la chaise. Tout autour de la plaque ronde du dossier se trouve la série des huit objets précieux (appelés parfois les huit joyaux) (bat buu). Ces motifs, hérités de l’art chinois, représentaient à l’origine les attributs des Immortels taoïstes. Ils sont devenus ensuite plus généralement un signe de bon augure. On trouve ici, en partant du centre haut du cercle et dans le sens des aiguilles d’une montre : l’éventail en forme de feuille de figuier (quat va), le tube à pinceau (thap viêt), les ailes de la coiffe du mandarin (mu canh chuon), la paire de flûtes (d –dôi sao), la corbeille à fleur (lang), l’époussette (chu phat), l’épée (guom), la calebasse (bâu troi).


[1] Dr Hocquard, Une campagne au Tonkin, 1892, édition présentée et annotée par Philippe Papin, Arléa, Paris, 1999, p. 78.

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