Cellule n°5
Après des études à l’École nationale supérieure de
Cergy-Pontoise, Eshel Meir, dit Absalon, fabrique
à la fin des années 80 des objets en bois ou en
carton recouverts de peinture blanche ou de
plâtre, jouant sur une ambiguïté entre mobilier et
habitat. En 1991, il développe une première série
de maquettes monumentales intitulée Cellules
et constituée de six structures à échelle 1/1
conçues chacune comme un habitacle pour une
seule personne. Une vidéo montrant comment
l’artiste lui-même investit l’espace accompagne la
présentation de ces volumes réalisés en bois et en
carton peints en blanc et éclairés à l’intérieur par
un néon.
Cellule n° 5 appartient à cette série. Elle est
composée de deux cylindres formant un T : le
premier, fermé à ses deux extrémités et perforé
en son centre, s’articule au second, ouvert
sur le dedans par une sorte de sas circulaire.
Entièrement déterminé par les dimensions du
corps de l’artiste, l’espace interne comporte un
ensemble de volumes primaires sans identité
précise, à associer avec les besoins vitaux
d’un habitant unique. L’univers domestique
ainsi réduit devient propice au silence et au
recueillement. Une seconde série de Cellules est
envisagée en 1992 par l’artiste dans le but de
rendre effectif le concept, resté jusqu’alors à l’état
de prototype. Absalon fait œuvre d’architecte en
projetant de construire six cellules de 9 m2, en
relation avec ses propres mesures, ses besoins
et ses mouvements, équipements sanitaire et
ménager compris. Son projet, resté inachevé à
la suite de sa disparition prématurée, était de
les habiter en six lieux différents, les grandes
villes où il travaillait (Zurich, Paris, Tel-Aviv…).
Le principe de ces « maisons élémentaires »,
synonymes d’isolement et de mise à l’écart de
toute vie collective, se situe à l’opposé des grands
habitats communautaires de la seconde moitié
du XXe siècle. Bunker, navette spatiale, cellule
monacale, sarcophage ou abri antiatomique, les
comparaisons sont nombreuses qui questionnent
l’expérience unique d’un artiste dont le souhait
était de vivre dans « des dispositifs de résistance
à la société qui [l’]empêchent de devenir ce [qu’il]
doi[t] devenir ».
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