L'Assomption de la Vierge

Originaire des Flandres, Philippe de Champaigne
arrive en France en 1621 et devient le peintre
officiel de Marie de Médicis puis de Louis XIII et
de Richelieu. Le thème de l’Assomption, c’est-à-dire
l’ascension de la Vierge portée au ciel par les
anges trois jours après sa dormition, est cher à la
Contre-Réforme et se répand rapidement pendant
la première moitié du XVIIe siècle. Il est emprunté
à la Légende Dorée de Jacques de Voragine.
Philippe de Champaigne en a donné pas moins de
treize versions au cours de sa carrière. Celle-ci a
été commandée à l’artiste par Léon le Bouthillier,
conseiller au Parlement de Paris très proche des
jansénistes, pour orner la chapelle de la Vierge
dans l’église de Saint-Germain l’Auxerrois. Cette
église, qui se trouve en face de la colonnade
du Louvre, deviendra la paroisse des artistes
quand ceux-ci seront logés dans le palais, après
la création de l’Académie en 1648. Les apôtres,
cantonnés dans la partie inférieure du tableau,
découvrent le tombeau vide de la Vierge et
manifestent chacun à leur manière leur surprise
au spectacle de sa gloire. Leurs visages, leurs
gestes et leurs drapés se combinent pour parvenir
à rendre l’expression des passions. Philippe de
Champaigne reprend un schéma fixé par Rubens
pour l’église des Carmes à Bruxelles en 1616. Mais
la composition est ici moins virevoltante, servie
par une géométrie secrète qui partage l’espace
en deux registres distincts, celui terrestre des
apôtres, inscrit dans un carré, et celui céleste de
la Vierge et des anges, contenu dans un triangle
pointé vers le bas. Une coulée de lumière dorée
vient assurer le lien entre ces deux mondes. Usant
de bleus acides et d’oranges vifs, de verts sombres
et de rouges intenses, l’artiste joue savamment
sur les contrastes de couleurs complémentaires
pour conférer à son œuvre une étonnante
puissance chromatique. Le métier flamand de
l’artiste se lit par ailleurs dans l’attention portée
au paysage, rochers, arbre et nuages, et à la
sensualité des étoffes.
Un autre regard
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France / XVIIe siècle
Au moment où l'Europe entre en pleine période de Contre Réforme, les tableaux religieux deviennent des supports de dévotion, mais aussi de persuasion.
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