Sans titre

Transfert de propriété au Musée de Grenoble en 2008.
« S’il y a une chose dont on est certain, a déclaré
Vermeiren, c’est où démarre la sculpture. Elle
démarre au sol, après, en hauteur et sur les
côtés, elle n’a pas de limites, mais au sol, c’est là
qu’elle démarre, c’est le point crucial. » Depuis le
milieu des années 70, Didier Vermeiren interroge
l’essence de la sculpture en explorant ses modes
de production et de présentation. En utilisant
des matériaux traditionnels tels que le bois, le
plâtre et l’acier, il questionne les processus de
fabrication, notamment le moulage, ainsi que
les notions d’original et de réplique. Mais c’est
surtout en s’emparant du thème du socle que
Vermeiren parcourt l’histoire de la sculpture,
depuis la statuaire antique et le monument
jusqu’à l’art minimal qui l’a rendu superflu,
en passant par Canova, Carpeaux, Rodin et
Brancusi. À lui seul, le socle cristallise plusieurs
fonctions : donner à voir, surélever, protéger, et
en même temps conférer stabilité et pérennité
à l’œuvre. Le socle est un objet dynamique
intrinsèque à la sculpture, qui parle d’élévation
et de gravité. Vermeiren le revisite dans de
multiples variations. En 1980, au musée d’art
moderne de Gand, il intitule son installation :
Sculpture de socle.
À partir de 1985, il étend ses recherches sur
les dispositifs de présentation à des œuvres
qui évoquent autant de cages, de vitrines ou
de chariots, créant des structures ouvertes
(réminiscences du Palais à quatre heures du
matin de Giacometti – en 1995, Vermeiren fera
une photographie intitulée L’Atelier à quatre
heures du matin), fermées seulement sur une ou
plusieurs de leurs faces par une plaque de plâtre
moulé.
Dans le cas de la sculpture _Sans titre _(1986),
c’est la face supérieure qui porte un plateau en
plâtre. L’objet invite le spectateur à se déplacer
pour appréhender son volume et l’espace qu’il
occupe. Il quitte le simple statut de chariot,
d’objet anonyme et symétrique, pour entrer
dans le champ de l’art lorsque le regard perçoit
un détail insolite : un des quatre montants n’est
pas un tube mais une tige de section carrée,
indiquant dès lors un point de vue privilégié. Les
roulettes non directionnelles dont le chariot est
doté suggèrent un rapport au sol particulier :
un mouvement potentiel qui se réfère aux
nombreux déplacements possibles d’une
sculpture. Immobilité et mouvement, plein et
vide, visible et invisible, la structure mise au
point par Vermeiren, légère et simple, met en
jeu les tensions inhérentes à la sculpture et sa
présentation.
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