Endless Through a Glass-House Looking
(Contemplation interminable de la maison de verre)

Edward KIENHOLZ
1980 / 1981
300 x 250 x 125 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à la Galerie Lelong par le Fonds national d'art contemporain en 1994.
Transfert de propriété au Musée de Grenoble en 2008.
Localisation :
SA39 - Salle 39

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Considérée comme une critique caustique de la société américaine de son époque, l’œuvre d’Edward Kienholz est avant tout, selon l’artiste lui-même, un commentaire dont le but est de pousser le spectateur à réfléchir sur sa condition et sur le monde dans lequel il vit. Né dans une famille de fermiers, Kienholz exerce pendant une dizaine d’années plusieurs métiers (infirmier, électricien, étalagiste, garagiste…), avant de s’installer en 1952 à Los Angeles où il réalise ses premiers assemblages abstraits à partir de matériaux de récupération : bois, plastiques et autres ferrailles, reliefs peints intégrant progressivement des objets entiers qui annoncent l’esthétique du Pop art ou du Nouveau réalisme. C’est à partir de 1960 que l’artiste construit ce qu’il nomme des « tableaux » : des décors entiers avec des personnages grandeur nature, véritables miroirs de l’envers du rêve américain. Ainsi de l’œuvre Roxy’s, reconstitution corrosive du fameux bordel de Las Vegas dont la présentation en 1961 fit scandale, ou de nombreux environnements mettant en scène des univers banals ou inquiétants sur un mode sarcastique : chambre à coucher, hôpital psychiatrique, bar, vernissage, où des mannequins portent à la place du visage un objet incongru, signe de déchéance ou d’obsession.
L’œuvre du musée appartient à une série réalisée sur le thème de la femme-objet, de la violence sexuelle, du voyeurisme et de la solitude. Dans une structure en métal galvanisé, simulacre d’un intérieur misérable pourvu d’un tapis, d’une table avec napperon brodé, vase de fleurs, assiette et verre de vin, une femme se regarde dans un miroir. Mais son visage est remplacé par un phare de voiture dont l’éclairage aveuglant évoque l’impossibilité de toute introspection. Elle apparaît alors comme prisonnière d’un quotidien aliénant, cage dont le goéland au bec muselé et aux plumes engluées – comme son corps peint – est le symbole. L’installation est d’autant plus troublante qu’elle place le spectateur en position de voyeur, la structure-vitrine lui permettant de regarder par un œilleton. Il réalise alors que sa vision a été faussée : le miroir est en fait une cloison en plexiglas et le reflet un deuxième mannequin. Si le face à face de la femme est illusoire, le voyeurisme est, lui, tourné en dérision.

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