Flanders field

Transfert de propriété au Musée de Grenoble en 2008.
En 1965, dans un article intitulé « ABC Art »,
publié dans Art in America, Barbara Rose décrit
une nouvelle tendance qui émerge au début
des années 60 en réaction à la subjectivité de
l’expressionnisme abstrait et à la figuration
du Pop art naissant. Employé tout au long de
son article, le terme « minimum » va donner
naissance à l’appellation « Minimal Art », qui
regroupe les créations de Donald Judd, Sol
LeWitt, Robert Morris, Dan Flavin ou encore Carl
Andre. Rejetant l’illusionnisme de la peinture, ces
artistes se tournent vers la sculpture abstraite
et, adoptant le fameux « less is more » de Mies
van der Rohe, réduisent le contenu de l’œuvre
à la perception d’une forme dans un espace
donné. Carl Andre, qui partage l’atelier de Frank
Stella à New York en 1958-1959, écrit à propos
des Black Paintings de ce dernier : « L’art exclut
le superflu. » Il réalise alors des sculptures en
bois inspirées de l’œuvre de Brancusi, qu’il
a découverte lors d’un voyage en Europe en 1954. À partir de 1960, il abandonne la taille
directe et utilise des poutres en bois brut
débitées industriellement qu’il assemble en des
combinaisons infinies, élaborant un principe
de composition modulaire ouvert, écho en trois
dimensions au all over de la peinture. C’est sur
ce principe qu’il crée ses premières pièces au
sol en 1966, révolutionnant la sculpture qui, de
verticale, devient horizontale : « Je ne fais que
poser la Colonne sans fin de Brancusi à même le
sol au lieu de la dresser vers le ciel. »
L’œuvre Flanders Field, réalisée en 1978 à
Eindhoven, aux Pays-Bas, réunit toutes les
caractéristiques de la sculpture minimaliste :
neutralité du matériau, volumes géométriques
élémentaires posés au sol, composition sérielle
d’éléments interchangeables. Notion partagée
également par Judd ou Morris, le rapport à
l’espace et à l’échelle humaine est au cœur des
recherches de Carl Andre : « Mon problème a été
et est toujours de faire un genre de sculpture
dans laquelle on puisse entrer mais qui n’est
pas architecturale, comme un jardin japonais
ou tout autre jardin. » L’artiste conçoit en effet
la sculpture comme un lieu à parcourir. Au-delà
de la rationalité formelle du minimalisme,
Flanders Field invite le visiteur à se déplacer pour
appréhender physiquement l’œuvre : percevoir
chaque poutre dans l’unicité de sa couleur,
de ses fentes et de ses nœuds, découvrir un
rythme spatial et des jeux de lumière, apprécier
l’équilibre entre la verticalité des poutres
dressées et l’horizontalité de l’œuvre.
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