A woman consulting a catalogue

Jeff WALL
2005
148 x 116,6 cm
Crédit photographique :
VISUEL FOURNI PAR L'ARTISTE
Acquisition :
Achat à la galerie Marian Goodman en 2007 avec la participation du FRAM

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Considéré aujourd’hui comme l’un des artistes les plus influents de sa génération, Jeff Wall développe depuis près de trente ans une recherche autour de l’image photographique, de ses liens avec la peinture et de son statut vis-à-vis du réel. Il compose à la manière d’un peintre ou d’un cinéaste, de façon extrêmement méticuleuse, des images qui ont l’apparence d’instantanés. Ses grands cibachromes sont placés dans des caissons lumineux qui leur confèrent une présence d’une intensité toute particulière.
Les photographies de Wall condensent des réalités multiples et parfois contradictoires en une seule image. Ce faisant elles reflètent la nature dense et paradoxale de la vie dans les sociétés contemporaines. Une Femme consultant un catalogue illustre de manière exemplaire cet aspect de son œuvre. À première vue, cette photographie apparaît simplement comme l’image banale d’une femme feuilletant un catalogue d’objets d’art ancien dans le hall d’une maison de vente. On la voit de dos, elle est très élégante, sa toilette recherchée, presque atemporelle, faisant écho au luxe légèrement suranné du décor qui l’entoure. Tout contribue dans cette scène d’intérieur à illustrer les valeurs traditionnelles attachées à la délectation artistique. Le silence feutré, la lumière tamisée, le confort, voire le luxe des matières et des meubles, sont les conditions requises à l’exercice privilégié de la contemplation pour l’amateur. Cependant, à cette scène qui rappelle les intérieurs hollandais du siècle d’or – on pense à Vermeer – est juxtaposée une vue extérieure. Elle apparaît à travers l’une des fenêtres, telle une composition abstraite : puzzle indéchiffrable, mouvant, bruyant, du monde moderne. Deux univers et deux temps s’opposent, celui, confus et énigmatique, de la vie contemporaine et celui, limpide et apaisé, de l’imaginaire et du passé. Néanmoins, en situant le sujet dans l’enceinte de l’une des plus anciennes et importantes maisons de vente d’œuvres et d’objets d’art, l’artiste ne laisse-t-il pas entendre que le commerce – l’économie – a depuis longtemps investi le domaine des arts ? Et que sous l’apparente opposition entre l’effervescence industrieuse du monde extérieur et la douceur onirique du monde intérieur, les liens sont plus forts et plus directs qu’on ne le supposerait d’emblée…

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