Jésus-Christ servi par les anges
Fils d’un marchand de soieries de Bologne, Francesco Albani fut élève à l’académie des Incamminati fondée en 1585 par les Carrache. Son style doux et raffiné lui valut le surnom de « peintre des Grâces » ou encore d’« Anacréon de la peinture ». Après avoir travaillé avec Guido Reni et le Dominiquin, il suivit en 1601 Annibal Carrache à Rome puis s’installa définitivement dans sa ville natale en 1617. Les deux tableaux de la collection du musée sont des œuvres tardives dans la carrière du peintre, datant d’une période où l’Albane, aidé de son atelier, réalise quantité de petits tableaux de dévotion pour une clientèle privée, souvent exécutés sur cuivre, matériau permettant grâce à sa surface lisse un travail proche de celui de la miniature. Pour représenter Jésus-Christ servi par les anges, le peintre s’appuie sur l’Évangile selon saint Matthieu, relatant le moment où, après quarante jours de jeûne dans le désert et après avoir trois fois résisté aux tentations du démon, Jésus vit les anges le servir. La composition s’articule autour de l’axe central formé par la figure du Christ qui concentre les seules couleurs vives du tableau, rouge de la tunique et bleu du manteau, tandis que le reste de la scène baigne dans une gamme de demi-teintes. À la symétrie des personnages disposés en frise répond celle du paysage, décor savamment organisé pour s’accorder au sujet : un grand arbre derrière le Christ, deux autres derrière les deux anges et, au-dessus de chacun des chérubins, deux échappées vers le lointain, où sont peintes des références à deux des tentations, la montagne et le temple de Jérusalem, évoqué par un édifice inspiré du Panthéon romain. L’Albane y a ajouté l’archange saint Michel chassant le démon à l’aide de son épée flamboyante. Le peintre illustre fidèlement le repas servi par les anges à partir de la description du moine franciscain saint Bonaventure dans les Méditations sur la vie du Christ : poissons et pain, coupe et aiguière, fleurs et fruits. Malgré une composition hiératique et un traitement didactique du sujet, l’Albane crée un style classique à la grâce maniérée, aux figures suaves et aux paysages idéaux, qui inspirera jusqu’aux peintres du XVIIIe siècle.
Un autre regard
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Italie - XVIIe siècle
Caravagisme, baroque et classicisme sont regroupés dans ces salles, à travers une collection italienne composée de grands retables et d’œuvres aux formats plus modestes.
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