Omega III

Morris Louis étudie l’art au Maryland Institute de Baltimore de 1929 à 1933 et commence à peindre des tableaux de chevalet inspirés du cubisme. En 1952, il découvre l’expressionnisme abstrait et les œuvres de Jackson Pollock, né la même année que lui. Dès lors, un changement s’amorce qui va transformer radicalement sa peinture à la suite d’une visite faite à l’atelier d’Helen Frankenthaler en 1953 à New York. La technique picturale du staining (teinture) qu’elle pratique à cette période consiste à verser directement la peinture sur la toile non apprêtée. Morris Louis va s’en inspirer, créant des tableaux traversés par des flux successifs de couleur très diluée dans une première série intitulée Veils (Voiles). Au cours de l’année 1960, il cherche à obtenir une tension équilibrée entre la toile vierge et les coulées de peinture, questionnant également les limites intérieure et extérieure de la forme. Il oppose alors les flux de couleur autour d’un axe de symétrie, tantôt horizontal, tantôt vertical (série Omega). Ayant renoncé au pinceau depuis 1953, il incline la toile, travaillée au sol sans châssis, obtenant ainsi des écoulements qui partent des bords et laissent le centre vide. Cette pratique le mène à la série des Unfurled (Déferlements), des toiles de grande dimension dans lesquelles des bandes de couleur parallèles, orientées obliquement, encadrent un vaste espace central laissé vierge. Dans Omega III (1959-1960), le processus d’écoulement de la peinture, soigneusement guidée à partir des bords de la toile, est très visible. L’artiste considère la couleur comme un phénomène physique extérieur au tableau qui, une fois fixé, permet de saisir une image sans commencement ni fin. La couleur imbibe le support et ses nuances varient selon la dilution du médium, le degré d’absorption de la toile et l’orientation des flux. Les coloris fauves de cette œuvre rappellent que les peintures de Matisse mais également celles de Monet et de Bonnard furent les premières sources d’inspiration de Morris Louis.