Composition

La brève période d’indépendance que connaît la Pologne entre les deux guerre mondiales est favorable au développement des avant-gardes. L’art polonais est alors dominé par les personnalités fortes de Stanisław Ignacy Witkiewicz et de Wladislaw Strzeminski. L’artiste russe Kasimir Malévitch, fondateur du suprématisme, est accueilli triomphalement à Varsovie en 1927 ; il est acclamé en maître par les groupes d’artistes d’un pays qui fait du constructivisme la valeur fondamentale et le credo des arts. Henryk Stazewski, formé à l’Académie des beaux-arts de Varsovie, influencé à ses débuts par le cubisme synthétique et le purisme, est un membre actif des principaux groupes d’avant-garde qui voient le jour dans les années 20 en Pologne, qu’il s’agisse de Blok, de Praesens ou d’a.r. C’est dans ce contexte qu’il forge sa vision artistique. De l’unisme de Strzeminski, il retient l’idée du tableau post-suprématiste, produit désacralisé et abstrait fondé sur l’union du fond et des formes géométriques. De sa rencontre en 1929 à Paris avec Michel Seuphor et Piet Mondrian, il assimile les idées du néoplasticisme : le tableau est pour lui un équivalent plastique de la nature. Composition (1930) est une peinture composée d’un agencement de formes géométriques bleues et blanches, rectangles et arcs de cercle, qui vibrent au contact les unes des autres. On trouve dans cette composition harmonieuse et binaire, adoucie par les courbes, « la recherche de l’ordre dans le chaos » qui s’inscrit dans le droit fil de Mondrian quand Stazewski déclare en 1976 : « Le moment le plus grand, c’est celui où notre vision de la réalité se transforme en une vision sans perspective et sans espace, platement. » Ici les formes pures et les couleurs posées en aplat s’opposent et se neutralisent dans un équilibre subtil. Si formellement Composition évoque les agencements architectoniques de Strzeminski et les « compositions spatiales » de Katarzyna Kobro, sculptures métalliques aux formes courbes, ses couleurs comme sa douce harmonie ne sont pas sans rappeler les travaux de Sophie Taeuber-Arp et de Hans Arp (artistes que Strzeminski connaissait bien – sa collection d’art moderne, majoritairement consacrée à l’abstraction, renfermait certaines de leurs œuvres quand elle a été déposée au musée de Lodz en 1932). Après 1934, Stazewski s’adonnera à la typographie ainsi qu’à l’architecture d’intérieur dans une appréhension totale et fonctionnelle de l’art.
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