Peinture

Olivier MOSSET
1974
100 x 100 x 3 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Achat à M. Maurice Benhamou en 1996

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Né à Berne, Olivier Mosset commence ses études d’art à Lausanne au début des années 60. Tandis qu’il est l’assistant des Nouveaux réalistes Jean Tinguely et Daniel Spoerri, l’artiste se place d’emblée à l’opposé de leur démarche fondée sur diverses appropriations de l’objet. Fasciné par Mondrian, il se situe dans la postérité de la peinture abstraite géométrique de Frank Stella, dont il découvre les Black Paintings, de Robert Ryman ou de Jasper Johns. Contemporaine de l’art minimal, son œuvre radicale présente dès lors une analyse critique de la peinture. L’artiste est séduit par l’esthétique de l’indifférence prônée par John Cage. Le choix d’un art impersonnel et neutre s’impose à lui, comme en témoignent ses premiers travaux, des toiles intégralement blanches ou marquées d’un A en capitale répété ad libitum. Installé à Paris dès 1966, Mosset place invariablement un cercle noir de 15,5 cm de diamètre et 3,25 cm d’épaisseur au centre d’un carré blanc de 100 x 100 cm. Cette pratique le conduit en 1967 à participer à la formation du groupe BMPT (Buren-Mosset- Parmentier-Toroni), dont le but premier est d’atteindre le degré zéro de la peinture, en réaction notamment à l’expressionnisme abstrait et à l’École de Paris. Entre 1966 et 1974, 200 peintures de ce type verront le jour, toutes marquées du même cercle noir, devenu au même titre que la bande de 8,7 cm de Buren ou celle de 38 cm de Parmentier, la signature de l’artiste. Peinture appartient à cet ensemble.
Formellement, le cercle a eu des antécédents dans les travaux des artistes pop comme Jasper Johns et Robert Indiana, mais Mosset s’est plus probablement inspiré des cibles de Kenneth Noland ou des cercles de Robert Morris. En outre, et contre toute apparence, le cercle n’est pas ici une forme complètement neutre. Symboliquement riche, il renvoie tout autant à la notion de centre qu’à celle d’infini. La récurrence du motif lui confère en outre une force qui n’est pas sans rappeler celle du célèbre Carré noir sur fond blanc de Malévitch. En 1974, l’artiste clôt la série des cercles pour adopter celle des bandes parallèles, puis, aux États-Unis où il s’installe en 1977, celle des peintures monochromes. Depuis lors, partagé entre deux continents, Mosset ne cesse de construire une œuvre complexe, qui se fait l’écho tant de la grande peinture abstraite américaine que de la réflexion critique européenne.

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