Eugène Faure
Urbain Basset réalise ce buste quelques années
après le décès d’Eugène Faure survenu à l’âge
de cinquante-sept ans. En 1885, Basset est
encore installé à Paris et il ne regagnera sa
ville natale qu’en 1898 pour diriger l’école des
arts industriels de Grenoble. Les deux hommes
se connaissent bien comme en témoigne le
portrait du sculpteur, exécuté par Faure en
1872, et dédicacé « À mon ami Basset[1] ».
Né à Seyssinet (Isère) dans une famille
aisée, Eugène Faure (1822-1879) délaisse ses
études de droit au profit de la peinture qui
répond mieux à son tempérament rêveur et
contemplatif. Il se forme à Paris auprès de
Charles Gleyre (1806-1874) et poursuit son
apprentissage en Italie où il se rend avec
son ami Théodore Ravanat (1812-1883). Il se
fait connaître par la qualité de ses portraits
présentés au Salon et acquiert ainsi une solide
réputation qui lui attire une nombreuse clientèle
et lui assure des revenus confortables. Il
se voit donc contraint de se spécialiser dans
le portrait, malgré son intérêt pour d’autres
genres comme le paysage notamment. Il
revient régulièrement en Isère pour retrouver
sa famille et ses amis et ouvre, à la fin de sa
vie, un atelier de dessin à Grenoble.
Ce buste, présenté en 1886 au Salon de Paris
et au Salon de la Société des amis des arts de
Grenoble, est donc un témoignage d’affection
à un ami décédé. C’est une terre cuite originale,
comme en attestent un trou d’évent bouché
au sommet du crâne et la trace d’une couture
de raccord entre deux parties. Le peintre est
figuré la tête légèrement tournée, le regard
perdu, les cheveux longs et la barbe fournie. Un
long foulard noué ferme le col de sa chemise.
Il émane de ce portrait une certaine fragilité
que l’on distingue aussi dans le Portrait
d’Eugène Faure à l’âge de vingt-sept ans, exécuté
par Pierre-Auguste Marquiand en 1849[2].
Nous ignorons le contexte de son arrivée dans
les collections du musée ; même l’identité du
modèle, faute d’inscription, s’était perdue
avec le temps et n’a été retrouvée qu’à l’occasion
de l’exposition « Grenoble et ses artistes
au XIXe siècle ».
[1] Collection Musée dauphinois, Grenoble.
[2] Collection bibliothèque municipale de Grenoble.