Relief du roi Nectanébo II recevant le souffle de vie d'une déesse (Mout ou Râttaouy)
Si l’origine de ce bas-relief a longtemps été
discutée, il paraît aujourd’hui vraisemblable
de le rattacher au « temple haut » situé dans
l’enceinte de Karnak-nord. L’identification de
sa provenance apporte de nombreux éclairages
sur cet objet et permet de mieux comprendre
sa fonction et les figures qui le recouvrent.
Lors de sa visite en 1829, Champollion fait une
description complète du petit sanctuaire dont
il est question ici, précisant qu’il était voué aux
dieux Amon-Rê et Montou-Rê et mentionnant
le pharaon Nectanébo II. En avril 1842, le comte
de Saint-Ferriol visite Karnak et en rapporte un
bloc d’un monument de la zone nord indiquant
le nom du même roi ; il s’agit sans nul doute
de cette pièce. Remis dans son contexte, ce
fragment révèle toute sa richesse et sa valeur.
À droite, le personnage coiffé de la couronne
rouge (desheret) et muni d’un pagne duquel
s’échappe une queue de taureau, attributs
éminemment royaux, représente Nectanébo II.
Il incarne ici le pouvoir de Basse-Égypte. À côté
de lui, dans un geste protecteur et enveloppant,
une déesse pose sa main gauche sur l’épaule
du roi. De la main droite, elle porte au nez du
souverain le signe ânkh, associé au souffle vital.
Vêtue d’une longue robe moulante, la divinité
porte une large perruque surmontée d’une
dépouille de vautour. Elle peut incarner Mout
tout autant que Rattaouy, parèdres respectives
des dieux Amon-Rê et Montou-Rê. Mouvement,
délicatesse et sobriété des traits tout à la
fois définissent une iconographie innovante
orientée vers le réalisme. Quelques traces de
polychromie soulignent la plasticité des figures
et rappellent le rendu originel des parois de
temples égyptiens, entièrement recouvertes de
peintures colorées.
Héritages artistique et historique se combinent
pour témoigner d’une période en déclin mais ô
combien importante. Nectanébo II fut le dernier
pharaon indigène avant les invasions des Perses
puis des Macédoniens qui conduisirent peu à
peu vers l’hégémonie gréco-romaine. Son règne
marqua un tournant dans l’histoire de l’Égypte
ancienne. Ce bas-relief en est l’incarnation.
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