Assomption de la Vierge

Des deux dessins conservés à Grenoble sous le nom de Thomas Blanchet, cette petite feuille est la seule qui puisse conserver son attribution à l’artiste [1] . Une inscription ancienne, qui se retrouve sur plusieurs autres dessins de l’artiste, publiés par Lucie Galacteros de Boissier, a permis à l’œuvre de conserver son identité.
Natif de Lyon, formé à Paris dans l’orbite de Simon Vouet dans la première moitié des années 1630, Thomas Blanchet effectue par la suite un long séjour à Rome d’où il ne revient qu’en 1654. Dans la ville éternelle, le jeune peintre gravite dans l’entourage de Nicolas Poussin dont la renommée est alors à son faîte. Il côtoie également de nombreux compatriotes comme Nicolas Chaperon, Charles Mellin (MG D 74
), Charles-Alphonse Dufresnoy (MG 1803
) ou Jean Lemaire. Avec ces derniers, Blanchet partage également une prédilection pour une technique graphique à l’encre et au lavis. Ses dessins se caractérisent rapidement par un trait nerveux et vibrant dont la feuille de Grenoble est une belle illustration.
Bien classé grâce à l’annotation portée au bas du dessin, l’œuvre est pourtant demeurée inédite . Cette étude d’ensemble prépare certainement une composition peinte, aujourd’hui perdue, mais pour laquelle Lucie Galactéros de Boissier avait déjà repéré un autre dessin aujourd’hui conservé au National museum de Stockholm [2] . Les dessins de Grenoble et de Stockholm montrent chacun une étape différente dans la mise en place de l’image. Dans le premier, l’artiste construit la composition générale dont le rythme et l’atmosphère sont évoqués par les rehauts de lavis. Les personnages demeurent sommaires et leurs contours sont rapidement esquissés. L’ensemble est rythmé autour de grandes lignes diagonales et la disposition des figures monumentales et agitées d’apôtres au premier plan confère une grande théâtralité à l’image. La gestuelle et la position de la Vierge démontrent la connaissance de l’œuvre de Poussin et des Bolonais observés durant le séjour romain.
Les sources conservent le souvenir de deux grands tableaux réalisés par Blanchet sur le thème de l’Assomption de la Vierge. Ces retables se trouvaient respectivement dans la chapelle des Messieurs du collège de la Trinité [3] et dans l’église des Jacobins [4] de Lyon.
Signalons enfin l’existence d’un autre dessin montrant une Vierge de l’Assomption conservée au Louvre qui pourrait, soit être une première pensée pour la composition présentée ici, soit une étude préparatoire pour un autre tableau de même sujet[5].
[1] MG D 1212, R° : Étude de jeune homme ; V° : Étude draperie et de mains. Pierre noire (crayon noir) et craie blanche, traces de sanguine sur papier bleu. H. 29.7 ; L. 23.2. Dessin de belle qualité. Du début du XVIIIe siècle ?
[2] Thomas Blanchet, L'Assomption de la Vierge, Stockholm, National Museum, Inv. NMH CC VI 5. Dessin de la collection Claude III Audran. Donné au musée en 1941 et attribué à Blanchet par Pierre Rosenberg (1986, French Drawings, n° 1820) et Galactéros-de Boissier, 1991, n° D 81 bis, p. 430-440).
[3] Pour la chapelle des Messieurs au collège de la Trinité à Lyon (Galactéros de Boissier, 1991, n° P.107, p. 351). Blanchet avait peint quinze tableaux pour le collège de la Trinité. Trois œuvres (Assomption, Saint Jean et *Saint Joseph *pour le retable de la chapelle et douze scènes de la Vie de la Vierge insérées dans les lambris de la nef). Œuvres disparues.
[4] Pour une chapelle de l’église des Jacobins à Lyon (vers 1673). (Voir Galactéros-de Boissier, 1991, n° P 99, p. 351). Voir Clapasson, 1741, p. 41 : Les « chapelles (qui) offrent davantage à la curiosité : la première à main droite, a un grand retable doré qui renferme une Assomption de Blanchet ; quoi que ce ne soit pas un des ouvrages qu’il ait travaillé avec le plus de soin, on y trouve qu’il ait cependant des traits de maîtres ». Chapelle des marchands fabricants de Lyon. Ensemble détruit.
[5] Assomption de la Vierge, vers 1673, sanguine, lavis de sanguine ; rehauts de gouache blanche, mise au carreau à la pierre noire. Papier gris. H. 33.6 ; L. 25.5. Collé en plein. Montage Mariette. Paris, musée du Louvre, Inv. 23 779.
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