Les Fréaux près de La Grave, Hautes-Alpes

Charles BERTIER
1894
81 x 116,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don de l' Association pour la création d'un Musée des artistes dauphinois en 2015

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Fort du succès de sa Vallée du Vénéon à Saint- Christophe-en-Oisans en 1894, Charles Bertier continue d’envoyer au Salon de Paris ses plus impressionnants tableaux de paysages alpestres. Il profite ainsi de l’engouement de l’époque pour les peintures régionalistes qui peuplent les cimaises de la manifestation parisienne. Les citadins aiment contempler les plus beaux paysages de France, dont les peintres provinciaux se font les chantres (comme on les nomme dans la presse de l’époque) dans de multiples campagnes françaises. La montagne a quant à elle un effet particulièrement spectaculaire sur le public parisien qui la voit encore à cette époque comme une grande inconnue mystérieuse et exotique. Le tourisme dans les Alpes n’en est qu’à ses prémices, les refuges du Club alpin français apparaissent dans les années 1880 et il faut attendre le début du XXe siècle pour que les touristes commencent à affluer en nombre, principalement à Chamonix ou à La Grave, deux sites permettant la contemplation de glaciers magistraux.
Dans ce tableau, le Grenoblois propose un paysage toujours aussi savamment composé à partir des éléments typiques que sont les roches, la rivière et les sommets environnants. L’organisation très géométrique se fait comme souvent dans sa peinture autour de lignes de fuite extrêmement fortes et présentes, convergeant dans un effet de perspective vers le centre de la scène. Bertier fait ici le choix de représenter la vie humaine au coeur de la montagne en évoquant les habitations de ce hameau des Fréaux, au pied de La Meije. Il offre à la Romanche le rôle principal de cette scène en la plaçant au premier plan. Les maisons qui jouxtent le tumulte du torrent semblent remplir de vie cette vallée. Nous sommes probablement au début de l’été, la nature est verdoyante, les champs viennent d’être fanés et le soleil est à son zénith. Bertier n’aurait pas pu trouver moment plus chaud pour représenter cette vallée encaissée, réputée pour son climat rigoureux. Le désordre bruyant apporté par ce torrent qui file à grande vitesse rend ce paysage incroyablement réaliste. Habité, il apparaît beaucoup plus hospitalier que ceux, vierges et sauvages de l’Oisans habituellement préférés par l’artiste à cette époque. Dans les années 1890, le peintre sillonne ce massif comme son maître Guétal l’avait fait avant lui. Dans sa jeunesse, Bertier préférait les environs de Grenoble et les massifs ou les coteaux plus accessibles depuis la ville tels que la Chartreuse, Sassenage ou Corenc. Le succès de ces paysages des Alpes explique le travail sériel de Bertier au début du XXe siècle. Il existe d’autres versions de cette vue des Fréaux en Oisans tout comme il existe un très grand nombre de vues du glacier de La Meije peintes par l’artiste.

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