Lac de Laffrey. Effet de soleil

Au XIXe siècle, la commune de Laffrey, célèbre
pour avoir accueilli Napoléon le 7 mars 1815
à son retour de l’île d’Elbe, est un endroit
peu fréquenté des voyageurs qui, depuis
Grenoble, doivent parcourir plus d’une vingtaine
de kilomètres pour se rendre dans le
massif du Taillefer. Cependant, elle jouit de
superbes paysages montagneux parmi lesquels
son lac, immortalisé à deux reprises[1] par Claude
Pollet. Dans Lac de Laffrey. Effet de soleil, daté de 1853, le peintre montre d’une part son
intérêt pour un coin de nature jusqu’ici peu
exploré ; et d’autre part, il révèle un traitement
classique du paysage encore en vigueur
chez certains artistes régionaux à cette
époque. L’équilibre de la composition repose
ici sur l’égalité de l’espace occupé par la terre
et le ciel, le lac et la montagne faisant la transition
entre les deux. Au premier plan, tout
est détaillé. Chaque élément de la nature est
rendu et la présence discrète d’une bergère,
accompagnée de ses moutons instille à cette
scène une atmosphère de pastorale.
La formation de Claude Pollet n’est pas connue.
S’il voyage en Savoie, en Haute-Savoie et dans
le Morvan où il peint de nombreux panoramas,
il travaille également sur le motif en Isère en
compagnie de Jean Achard et de Théodore
Ravanat. Installé à Paris entre 1842 et 1845,
il participe au Salon de 1843 en présentant
un site isérois. Toutefois, Pollet reste fidèle
à sa province natale et rentre définitivement
à Grenoble en 1850, où il continue à peindre
les paysages environnants. Pour des raisons
inconnues, il est interné à l’asile Saint-Robert
de Saint-Égrève où il décédera prématurément
en 1858, à l’âge de quarante-deux ans.
[1] Le musée de Grenoble conserve également Environs de Laffrey, 1842, MG 1677.