Femmes sur la place
Fonds national d'art contemporain, Centre national des arts plastiques
Dépôt au Musée de Grenoble en 1898
Originaire de Corbelin, dans le nord de l’Isère,
François Guiguet étudie à l’école des beaux-arts
de Lyon avant de s’installer à Paris.
En 1889, il aménage son atelier dans une
baraque en bois sans prétention, la « maison
du trappeur », qui deviendra le Bateau-Lavoir.
Au rez-de-chaussée, côté place Ravignan,
le peintre se plaît à prendre pour modèle les
scènes de la vie quotidienne qui se déroulent
sous ses fenêtres. Un grand nombre de croquis
de cette place témoigne de l’intérêt que ce
dessinateur lui portait[1].
Ainsi, pour composer ce tableau, Guiguet a
réalisé plusieurs études préparatoires. Elles
permettent d’observer que l’artiste évacue
progressivement toute référence à la nature,
ne conservant aucun des arbres présents pourtant
sur cette place. Il ferme ensuite la perspective
en choisissant un cadrage resserré
sur le groupe de personnages, l’arrière-plan
étant réduit à la barrière qui délimite
le lieu. Dès les premiers croquis, les femmes
sont le sujet principal du tableau, gardant des
enfants ou reprisant du linge, peintes tout en
retenue, l’artiste évitant l’écueil d’une représentation
misérabiliste ou d’une évocation
trop anecdotique de la vie des petites gens.
Cette scène de genre est caractéristique
du peintre, apprécié par une clientèle parisienne
et iséroise qui lui commande souvent
des portraits d’enfants et de femmes. De
fait, la présence régulière de Guiguet dans
les divers Salons à Paris, Lyon et Grenoble
lui permet de se forger une notoriété qui se
concrétise, en 1897, par l’achat de ce tableau
par l’État. Bien que n’ayant pas résidé à
Grenoble, il participe à la vie culturelle de la
capitale des Alpes en prenant la fonction de
vice-président du Gratin, société dauphinoise
artistique et littéraire. À la fin de sa vie, il
délaisse son atelier parisien pour retourner
vivre à Corbelin et se rapprocher de jeunes
artistes grenoblois comme Paul Urtin, dont il
devient le maître.
[1] Ces dessins sont conservés à la Maison Ravier à Morestel.
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XXe siècle