Scène d'intérieur - paysans au coin du feu
Première oeuvre d’Édouard d’Apvril à entrer
dans les collections du musée de Grenoble, ce
tableau est la parfaite illustration de la sensibilité
de l’auteur et de son habilité à peindre des
scènes de genre. C’est dans ce registre qu’il se
distingue à ses débuts en saisissant la vie quotidienne
des petites gens, les enfants y occupant
toujours une place de choix. Il apparaît ainsi
aux yeux de ses contemporains et plus tard des
historiens de l’art comme un témoin de son
temps, attentif aux plus humbles.
Dans un espace clos, sombre et peu détaillé,
un enfant et un jeune homme sont représentés
au travail, concentrés sur une branche
qu’ils écorcent. Ils sont séparés par l’âtre où
rougeoie un feu, véritable coeur de la maison. Celui-ci, peint en pleine pâte à l’aide de touches
épaisses et de couleurs vives, occupe une position
centrale, prenant la place de troisième
personnage de la composition. Bien qu’il ne
s’agisse pas de l’unique source lumineuse de
ce tableau, la scène étant éclairée par l’ouverture
probable d’une porte sur la droite, ce foyer,
par sa lumière chaude, anime toute la scène,
faisant vibrer l’atmosphère de cet intérieur. Ce
traitement de la lumière n’est pas sans rappeler
les jeux de clair-obscur que le peintre appréciait
chez Rembrandt. D’Apvril s’inspire de la peinture
hollandaise également par le choix de sujets du
quotidien et complétera sa connaissance des
maîtres nordiques lors d’un voyage en Hollande.
Chez l’artiste, l’usage de touches rapides se
retrouve essentiellement dans les scènes de
genre. On n’en trouve pas trace dans les portraits.
Cette façon de travailler lui sera parfois reprochée
par les critiques de son temps qui trouvent
un caractère « inachevé à son style[1] ».
Pourtant, sa manière témoigne ici d’une parfaite
maîtrise. D’un seul coup de pinceau, Édouard
d’Apvril réussit à rendre des détails précis.
C’est notamment par un simple jeu de pression
et une touche plus ou moins légère qu’il différencie
les parties du bois comportant encore de
l’écorce rugueuse de celles dénudées et lisses.
Et c’est par cette même touche en un geste
libre et spontané, qu’il parvient à suggérer plus
qu’il ne dépeint les copeaux tombés aux pieds
du jeune homme.
[1] E. d’Hurtières, « Revue artistique », Le Dauphiné, 16 juin 1878, p. 37.
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