La Source
Fonds national d'art contemporain
Dépôt au Musée de Grenoble en 1879
L’inclination d’Eugène Faure pour l’allégorie est un fait saillant dans son oeuvre. En témoigne La Source, présentée au Salon de Paris en 1877, qui révèle à la fois ses dispositions pour le portrait et sa maîtrise d’un processus narratif réduit à l’expression d’une simple idée. Dans ce tableau à la facture lisse, une jeune femme nue prend place devant un petit ruisseau qui coule en cascade jusqu’à ses pieds. Un zéphyr ailé vient déposer un baiser sur sa joue. La proximité d’une bergeronnette, de libellules et d’un iris participe du caractère champêtre du décor dans lequel évoluent les deux personnages. Baignés d’une lumière douce, leurs corps se profilent sur un fond ombragé. Symbole de pureté, La Source, incarnée par cette jeune naïade, apparaît comme une promesse de vie et de fécondité. Dans une ambiance suave, l’innocence laisse place à l’impudeur alors que le modèle, dépourvu d’attribut, se suffit à lui-même pour exprimer l’origine de l’existence. Par ailleurs, ses formes virginales, sa posture serpentine et la manière dont Faure en restitue la chair ne sont pas sans rappeler l’une des oeuvres magistrales du peintre néoclassique Jean Dominique Ingres (1780-1867). Mélange de réalisme et de simplification, son tableau, également intitulé La Source, exposé au Salon de Paris en 1856, avait frappé ses contemporains par sa maîtrise du dessin et l’effet de vie donné à ce corps féminin. Si l’on en croit Aristide Albert, Faure pensait « que le rayonnement de l’âme ne suffit point […] [car] la beauté idéale gagne singulièrement à l’alliance avec sa soeur, la beauté plastique ». Et selon lui, Faure « pourvoyait à cette alliance avec succès[1] ».
[1] Aristide Albert, « Le Peintre Eugène Faure », extrait de la Revue Dauphinoise, H. Falque et F. Perrin, 1902, p. 11.
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