Le Siège de Grenoble par les Alliés en 1815

Alexandre DEBELLE
1861
178,6 x 264 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don de l'artiste en 1867

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Lorsque Alexandre Debelle[1] peint Le Siège de Grenoble par les Alliés en 1815, il exerce depuis sept ans la fonction de conservateur au musée de Grenoble (1853-1887). Pour des raisons que l’on ignore, et après avoir passé plusieurs années à Paris entre 1837 et 1848, Debelle rentre définitivement à Grenoble, dont il ne s’éloignera que ponctuellement. Désormais assuré d’un statut social et d’un certain confort matériel, le peintre, bien qu’il réponde encore à quelques commanditaires aisés, privilégie dorénavant la décoration d’édifices religieux. Pour autant, il n’en oublie pas la peinture d’histoire, dont il fait à nouveau le récit à travers un évènement local. En 1815, Debelle n’a que dix ans lorsque la ville de Grenoble est envahie par une division austro-sarde. Pour exécuter son tableau en 1860, l’artiste fait appel à ses souvenirs d’enfance tout en se remémorant le récit de son père, Joseph Guillaume Debelle, capitaine des armées alors présent sur les lieux. Reconnaissable à sa jambe de bois[2], ce personnage est placé au centre de la composition. C’est probablement à lui que les Grenoblois doivent leur victoire sur l’ennemi le 6 juillet 1815[3]. Pendant que soldats et civils s’agitent dans un nuage de fumée autour du capitaine Debelle, celui-ci dirige les opérations en restant stoïque, son épée à la main. La scène se situe devant une auberge, au carrefour de la rue du Chemin-Neuf et de la rue Très- Cloîtres. Au fond à gauche, on peut voir l’église Saint-Joseph et le Moucherotte, et à droite la Bastille. Si le rythme donné à la composition révèle la tension présente lors de l’évènement, l’attitude héroïque de ses protagonistes lui confère une dimension patriotique digne des grands épisodes populaires. Toujours est-il que les défenseurs de Grenoble sont contraints de capituler le 9 juillet suivant. De cette épopée grenobloise restent alors l’ardent témoignage rendu par Debelle à l’histoire du Dauphiné et l’émouvant hommage de l’artiste à son père.


[1] Sylvie Vincent (dir.), Alexandre Debelle (1805-1897) : un peintre en Dauphiné, Grenoble, Conseil général de l’Isère, 2005.
[2] Joseph Guillaume Debelle (1779-1816) avait perdu sa jambe, emportée par un boulet, lors d’une bataille en Bavière en 1796.
[3] À l’issue du combat, l’armée austro-sarde sollicite un armistice de trois jours afin d’enterrer leurs 500 victimes.

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