Les Sybilles, copie d'après Raphaël, église Santa Maria della Pace, Rome

Eugène FAURE, Raffaello SANZIO dit RAPHAËL (d'après)
1852
Huile sur toile
94 x 188 x 2,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à Eugène Faure en 1852

Voir sur navigart

Initialement élève du sculpteur David d’Angers (1788-1856) puis de François Rude (1784- 1855), Eugène Faure, lorsqu’il est à Paris, s’intéresse à la peinture en travaillant dans l’atelier de Charles Gleyre (1806-1874). Dès 1845, il expose des paysages, d’abord destinés au Salon de Grenoble puis à celui de Paris (à partir de 1848). L’artiste, originaire de Seyssinet, près de Grenoble, y revient régulièrement. Dans la maison familiale, il reçoit ses amis parmi lesquels Théodore Ravanat. En 1846, les deux peintres font un séjour en Italie. À Rome, la fresque des Sibylles exécutée en 1514 par Raphaël dans l’église de Santa Maria della Pace[1] retient toute l’attention de Faure. Dans cette peinture murale, le maître italien reprend les contours de figures féminines, appelées sibylles, dont la fonction était de rendre les oracles dans l’Antiquité et qui, depuis le Moyen Âge, annonçaient la venue du Christ. Pour ce faire, Raphaël s’inspire des sibylles de Michel-Ange sur les fresques de la voûte de la chapelle Sixtine au Vatican. Six ans après son voyage en Italie, Faure réalise à son tour une copie exacte de la fresque de Raphaël dans laquelle on observe, de gauche à droite, les sibylles Cumes, Persique, Tiburtine et Phrygienne. Entourées d’anges, celles-ci apparaissent dans un mouvement souple et continu qui loue la virtuosité du maître de la Renaissance. De la même façon, l’éclat des coloris, qui exalte le rendu des drapés, participe à l’expression de son savoir-faire. Aussi, Faure avait-il « compris l’utilité d’étudier les grands maîtres en se rendant en Italie[2] », comme le souligne Benjamin Rolland, stupéfait par la qualité de sa copie. À ce propos, le conservateur ne manque pas d’en informer le maire de Grenoble en écrivant que le tableau est « en ce moment, placé dans l’une des salles du musée ». « Cet ouvrage sera remarqué par ceux qui aiment la grande peinture », précise-t- il. « Ce n’est qu’une copie mais elle donne des espérances qui annoncent un bel avenir. Si ce jeune artiste est encouragé, Grenoble vera [sic] dans son sein un peintre des plus distingués^3. » Bien qu’il soit un excellent paysagiste, Faure se différenciera dans le genre du portrait, notamment des figures féminines qu’il représentera par la suite sous forme d’allégorie.


[1] En 1514, Raphaël (1483-1520) reçoit de la part du banquier Agostino Chigi la commande d’un ensemble de fresques monumentales pour l’église de Santa Maria della Pace à Rome. Dans l’une des chapelles, il doit exécuter les fresques des sibylles et des prophètes. En raison de sa mort précoce, la deuxième scène ne pourra être représentée par l’artiste.
[2] Lettre de Benjamin Rolland au maire de Grenoble, 28 août 1852, MG.

Découvrez également...