Vue de Grenoble, prise de l'Ile verte, effet du soir

Isidore DAGNAN
1829
Huile sur toile
52 x 73 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à l'artiste en 1829

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Originaire de Marseille, Isidore Dagnan suit l’enseignement de son maître Augustin Aubert (1781-1857) avant de devenir un artiste itinérant. Si ses nombreux déplacements stimulent sa pratique picturale, ils développent également son goût pour le paysage urbain, dans la tradition des peintres du XVIIIe siècle et des védutistes. D’inspiration romaine, son premier envoi au Salon de 1819 fait écho à un voyage en Italie. Pour ses participations suivantes, plusieurs tableaux évoquent des séjours à Fontainebleau[1], dans l’Ain, le Jura, la Loire ainsi qu’en Auvergne, en Bretagne, en Provence et en Suisse. Ses pérégrinations le conduisent aussi à Lyon où il observe le traitement de la lumière des paysagistes locaux. À cette époque, Lyonnais et Isérois, qui ont pour point commun de peindre sur le motif, se retrouvent régulièrement à Sassenage. C’est probablement à la suite de ces rencontres que le Marseillais rejoint Grenoble dans le courant de l’année 1824. Dans son atelier, il prodigue ses premiers conseils au jeune Jean Achard, donne des cours de perspective appliquée au paysage durant l’hiver et explore, dès que le climat le permet, les sites alentour. En 1828, il répond à une commande et fait paraître un album illustré de quarante lithographies, qui est parmi les premiers à célébrer le patrimoine dauphinois. Son recueil Sites pittoresques du Dauphiné, dessinés d’après nature […] dédié à la duchesse de Berry[2] mêle à la fois paysages urbains et paysages champêtres ponctués de personnages anonymes. L’année suivante, Dagnan exécute Vue de Grenoble, prise de l’île Verte, effet du soir. Dans une ambiance crépusculaire se distinguent au premier plan deux embarcations qui animent modestement le reste de la composition consacrée à l’Isère et ses deux rives vues en amont reliées par le pont de bois. Au fond, le Moucherotte clôt majestueusement l'horizon. Associée à une facture lisse et délicate, cette scène pittoresque séduit le conservateur Benjamin Rolland qui l’acquiert pour le musée de Grenoble. Ainsi, porté par son succès, Dagnan, qui désormais « connaî[t] bien le pays et ceux qui s’y occupent des arts[3] », projette d’ouvrir une école de paysage à Grenoble en 1830. Mais sa demande reste vaine et c’est sans doute ce qui le convainc de quitter Grenoble pour Paris. Bien que son passage soit de courte durée, il marque une transition importante dans l’art du peintre marseillais et annonce une nouvelle vision du paysage dans la région alpine.


[1] Intérieur de la forêt de Fontainebleau, 1827, huile sur toile, H. 52 ; l. 73 cm, MG 134. L'oeuvre, exposée au Salon de Paris l’année de son exécution, est achetée par l’État qui l’envoie au musée de Grenoble en 1829.
[2] Isidore Dagnan, Sites pittoresques du Dauphiné, dessinés d’après nature […] dédié à la duchesse de Berry, Paris, Giraldon-Bovinet, 1828, BMG, Hd.550 Rés.
[3] Archives Municipales de Grenoble, 1R93, écoles professionnelles, école municipale de dessin (1839-1908), lettre d’Isidore Dagnan au ministre, Paris, le 12 août 1830.

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