Finale de la Walküre, 2ème état

Henri FANTIN-LATOUR
1879
40 x 57 cm
23,7 x 27,4 cm (hors marge)
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Don d'Henri Fantin-Latour en 1899

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La planche inspirée de la Walkyrie appartient à une période de wagnérisme intense chez Fantin, pour qui les représentations du Ring, dont fait partie la Walkyrie, admirées à Bayreuth en 1876 ont constitué un choc. Le peintre n’a jamais illustré un opéra complet : il traite la première scène de la Walkyrie (H 24 et H 70) et son final, qu’il présente simultanément au Salon de 1879.
Dans un paysage nocturne, Brünnhilde, au premier plan à droite, est couchée « sur un tertre de mousse au-dessus duquel un sapin étend largement ses branches ». Elle vient de subir le châtiment que lui a infligé, pour lui avoir désobéi, son père, le dieu Wotan derrière elle, à gauche de la composition. D’un baiser, celui-ci a retiré son immortalité et la condamne à être livrée au premier venu. Il lui concède toutefois qu’un héros seul la réveillera. De la pointe de sa lance, il frappe le rocher et la ceinture de flammes pour la protéger. C’est cet instant que dépeint Fantin : de la pierre a jailli « un océan de flammes de plus en plus claires et scintillantes qui auréolent Wotan de son éclat »[1]. Le drame s’achève ici. Comme souvent chez Fantin-Latour, la transposition visuelle d’une forme musicale repose sur un respect fidèle et scrupuleux du livret.
Cette belle planche illustre avec virtuosité la diversité des effets que l’artiste parvient à tirer de la lithographie. La technique sert une dramatisation intense imposée par le livret et exaspérée au moyen de violents contrastes. L’artiste a obtenu des noirs denses et charbonneux qu’il juxtapose au blanc de la feuille, laissé en réserve ou gommé. Les flammes forment un foyer au cœur de la composition, qu’entoure dans un mouvement circulaire l’ombre des feuillages à gauche et à droite, du sol et du ciel. Le traitement du clair-obscur rappelle que Fantin était un admirateur de Rembrandt. Des lignes griffées au grattoir directement sur la pierre parsèment entièrement la planche, animant les surfaces et accentuant encore les oppositions. Aux lignes souples qui épousent le corps immobile de Brünnhilde répondent les traits droits et nerveux drapant la jambe gauche de Wotan ou acérant la pointe de la lance.


[1] Citations empruntées au livret de Wagner.

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