Le Drac
Alors que l’allégorie sculptée connaît une certaine déconsidération au début du XIXe siècle, Victor Sappey l’emploie brillamment dans ses oeuvres. En 1833, il modèle en terre cuite deux personnages représentant les rivières du Drac et de l’Isère. Pour le premier, le sculpteur modèle la figure virile d’un homme aux formes herculéennes. Allongé sur les méandres tumultueux qui symbolisent le fougueux torrent, celui-ci apparaît nu, arrachant d’un bras un tronc d’arbre et de l’autre s’appuyant sur un rocher abrupt. Ses muscles raidis et la position de son corps suggèrent la puissance de la rivière, tandis que les traits de son visage, empreints de fureur et de colère, font allusion à la violence de ses flots. Alors qu’à cette époque le Drac a la réputation de tout anéantir sur son passage, l’Isère, à l’inverse, répandait ses bienfaits. C’est pourquoi Sappey, pour sa seconde allégorie, joue sur l’antagonisme des deux figures en réalisant un pendant féminin à la beauté sobre et délicate. Étendue sur des eaux placides, la naïade, vêtue à l’antique, tient d’une main une corne d’abondance et de l’autre une urne d’où coule une eau limpide et pure. Ses traits doux et sa beauté angélique rappellent la quiétude de la fertile rivière. Malgré leur expressivité et la finesse d’exécution, ces « esquisses », présentées comme un travail préparatoire au Salon de Grenoble en 1835, ne semblent avoir trouvé aucun écho. Avaient-elles reçu de mauvaises critiques ? Le sculpteur s’était-il ravisé sur l’emploi de l’allégorie de style néoclassique ? Le fait est que Sappey réalise pour la municipalité de Grenoble en 1843 La Fontaine du Lion et du Serpent (sur l’actuelle place de la Cymaise). Cette sculpture métaphorique reprend elle aussi le thème du Drac et de l’Isère, mais s’éloigne radicalement des figures en terre exécutées par le sculpteur dix ans plus tôt.
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