Sans titre

Centre national des arts plastiques
Dépôt au Musée de Grenoble en 2011
Exposition En Roue libre, 1er avril-3 juillet 2022
Salle 4
Au-delà du design
Dans les dernières décennies du XXe siècle, l’artiste fait entrer dans le giron de l’oeuvre d’art ce qu’il veut. Cette poétique de l’accaparement s’est intensifiée avec le mouvement Fluxus. Maquettes, aliments, vêtements, radios, télés, tout ce qui nous entoure, soit la vie même, intègre le champ de l’art. Un leitmotiv prévaut en quelque sorte : il faut investir le réel. Ainsi glisse-t-on subrepticement de l’héroïsme au quotidien, de l’historique au banal. Et l’ordinaire devient une esthétique en soi.
Dans ce contexte, l’espace intime de la maison intègre le champ artistique. « La maison est notre premier univers », affirmait Gaston Bachelard. « Elle est vraiment un cosmos. » Dans le dernier tiers du XXe siècle, cet espace connu, familier et concret mobilise l’imaginaire de nombreux artistes. Lieu par excellence de l’intimité et de la vie familiale, l’espace domestique est propice aux images. Associé à l’idée d’espace intérieur, il favorise la sculpture de soi. La maison plus qu’un lieu se fait donc métaphore de l’inconscient et de l’intériorité. Artistes, designers et architectes le scénographient de manière parfois théâtrale, exploitant sa puissance imaginaire.
Cocon, abri, tiède giron et symbole de l’intime, la maison semble ici plutôt mise en pièces par ces « re-constructeurs ». Le mobilier communément pensé pour vivre agréablement et confortablement est devenu pur décor. Il semble comme vidé de sa propre substance.
Jan Vercruysse
** et **Jean-Marc Bustamante nous livrent des intérieurs fantomatiques, diaphanes,
réduits à leur épure, battant en brèche la dialectique du dedans et du dehors.
Peu fonctionnels, lits, miroirs, cadres et cheminées ne sont en réalité que des simulacres d’objets.
Suspects par leur forme, devenus comme étrangers à eux-mêmes, ils ne viennent pas
vraiment dire l’intimité. Plus abstraits qu’il n’y paraît, ce sont des structures ouvertes au sens.
Minimalistes et formalistes, Bustamante et Vercruysse utilisent le design, le domestique et
le décor à des fins spécifiques. Il s’agit en quelque sorte pour eux de révéler à travers ces
néo-sculptures des images mentales ou physiques. Réduit à son essence, le quotidien s’apparente
dès lors à ce que l’on pourrait appeler des « espaces autres ». À l’ère du doute triomphant,
ce qui a trait à l’intime et à l’intériorité devient un noeud de significations ouvrant
l’imaginaire.
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