Palla Corda
diamètre: 50 cm
Institut d'art Contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes
Dépôt au Musée de Grenoble le 28/02/2005
[Catalogue de l'exposition Italia moderna. La collection d'art moderne et contemporain italien du musée de Grenoble, 19 mai-4 juillet 2021]
Né en 1940, Alighiero e Boetti commence son parcours artistique dans le contexte de l’émergence de l’Arte Povera. En 1966, il quitte sa ville natale, Turin, pour Rome. D’emblée, sa création s’oppose au formalisme moderniste pour s’ouvrir à la différence. Alors qu’il est encore adolescent, les pérégrinations de Boetti le conduisent à se passionner pour d’autres cultures et religions, le taoïsme et le bouddhisme notamment. « En fait, je me suis éveillé à l’ailleurs à quinze ans, grâce aux aquarelles de Paul Klee », rapporte-t-il (entretien avec Nicolas Bourriaud). Germano Celant l’inclut dans la première exposition du mouvement Arte Povera, qui se tient à la galerie de La Bertesca de Gênes en septembre 1967. En 1968, Alighiero Boetti devient Alighiero e Boetti : le dédoublement de son nom, signe d’un renoncement à la subjectivité, oriente alors l’esprit de ses travaux. Son oeuvre entier procède en effet par cycles, processus combinatoires, gestes premiers et collaborations diverses. « Ce qui m’intéresse, ce sont les choses élémentaires, l’alphabet, les cartes géographiques, les journaux, les timbres » (entretien avec Maurizio Fagiolo, 1977). Sorte d’« oeil-monde » (Christine Buci-Glucksmann), passionné de géopolitique, de géographie et de pérégrinations, Alighiero e Boetti voyage en effet par le truchement des objets. En 1969, il pratique ainsi le mail art au travers des Viaggi Postali [Voyages postaux]. De 1971 jusqu’à la fin de sa vie, il se distingue par la réalisation de cartes-tapisseries, mappemondes géopolitiques, confiées entre autres à des artisans afghans. L’artiste résume ainsi sa démarche humble et ouverte à l’autre : « Ce qui m’intéresse de plus en plus, ce sont certaines manifestations populaires. Au fond notre art est un art bourgeois assez terrifiant » (entretien avec Achille Bonito Oliva, 1973).
Au début de sa carrière, Alighiero Boetti fabrique des sculptures pauvres, avec des matériaux industriels, comme l’Eternit, le fer, le bois, les vernis et les laques. Il raconte avoir réalisé, dès l’âge de sept ans, des colonnes-pilastres avec des boîtes d’allumettes, des coupelles pour glace, du sable, etc. « C’est en 1947 que j’ai fait ma première pile d’allumettes et mon premier bouquet de crayons » (Journal, 1967). L’artiste conserve de l’enfance cet art de l’ouverture et des possibles. En témoignent ses Colonnes (1968), fruits de l’assemblage, de l’empilement de ronds de papier-dentelle utilisés dans les pâtisseries. Palla Corda [Balle corde] est un pilastre de métal fait d’un fil câblé enroulé, surmonté d’une boule métallique. Comme son nom l’indique, la forme évoque celle, lointaine, du jeu de balle connu sous le nom de bilboquet. Placé au sommet de la colonne, la boule suggère un mouvement rotatif et virtuel. L’oeuvre originale, de dimension plus réduite, a été présentée en février 1968 à la Galerie Stein, à Turin. Réalisée à l’occasion de l’exposition « Promenades » au parc Lullin à Genève en 1985, cette nouvelle version de la sculpture est aussi un hommage à la spirale d’Archimède, qui prend naissance en son centre et paraît infinie. Définitivement, comme l’a souligné Patrick Javault, « échappant à toute définition formaliste, une pièce de Boetti peut [...] s’apparenter à la géométrie ou à la cartographie ».
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