Nature morte aux abricots

Cette humble nature morte traduit bien la double recherche constante de Fantin-LAtour : la vérité et l’art. Avec une grande délicatesse de pinceau, il s’attache à restituer le velouté des abricots opposé à la surface lisse des cerises dans une juxtaposition de matières transparentes et plus opaques, qui traduit une franche adhésion à la nature dans sa simplicité. Il observe avec attention les transitions de couleur, les formes rondes, sensuelles, de ces fruits, disposés de façon traditionnelle sur une table, avec une sobriété de mise en page et de ton qui évoque Chardin, redécouvert à une époque où la nature morte est considérée comme un genre mineur. Au-delà du pastiche, cette petite toile montre bien sa compréhension profonde de la nature morte intimiste du XVIIIe siècle. Il reprend souvent des fruits seuls dans un panier, sur une assiette, ou simplement disposés sur une table, des fruits du quotidien : pêches, raisins, citrons, oranges et autour desquels il élabore l’espace. Rien d’exotique ni de recherché dans ces œuvres tout en nuances dont la poétique trouve des amateurs surtout en Angleterre et plus rarement en France.