Effet de neige au Rondeau

Laurent Guétal entre au petit séminaire du Rondeau à l’âge de quinze ans comme élève, puis devient successivement surveillant, professeur de physique et mathématiques et enfin enseigne le dessin. L’abbé est éloigné des mondanités de son temps et fréquente très peu le milieu artistique parisien, alors en pleine révolution impressionniste. Il regarde en revanche beaucoup la peinture de paysage de montagne, notamment celle de son précurseur le Suisse Alexandre Calame (1810-1864) et apprend à resserrer son cadrage au contact de Jean Achard. Ces influences, additionnées à son souci de l’exactitude et du détail, l’orientent vers un travail méticuleux et contemplatif, basé sur un sentiment inspiré par l’observation de la nature. Dans ce paysage d’hiver, si Guétal reste fidèle au format horizontal, renforcé par une ligne séparant le premier plan des lointains, il surprend par sa modernité. Ici, aucune allusion aux reliefs alentours, l’effet atmosphérique hivernal est l’unique sujet de ce tableau et les sommets ont disparu dans l’opacité des nuages. Le peintre, dans une subtile vue plongeante, propose de découvrir les abords du bâtiment dans lequel il vit au Rondeau. Tout ici concourt à rendre l’ambiance tangible. La gamme chromatique, restreinte aux camaïeux de gris et de beiges pour les sols, ou de jaunes et de roses pour le ciel, la lumière diffuse, qui peine à percer au travers des nuages, sont extrêmement fidèles à la saison et au lieu. De même, les bruns foncés des arbres et des clôtures sont subtilement distribués, témoignant d’une finesse graphique virtuose. L’audace dans le choix du cadrage libère la partie droite de la composition de tout motif et fait la part belle au vide. Cette composition est résolument moderne, digne des grands noms de l’impressionnisme de cette époque. Son aspect épuré renforce le silence de ce paysage. Effet de neige au Rondeau est non seulement un témoignage incontestable de la maîtrise technique de Guétal, mais aussi un exemple de naturalisme exceptionnel. Le peintre, sans emphase, choisit un lieu simple et nous plonge dans une atmosphère hivernale palpable. Une vision apaisante et contemplative dont la poésie mélancolique nous est familière.
Découvrez également...
-
Etudes de bras
3ème quart XIXe siècle -
Saint Sébastien
début XVIIe siècle -
Untitled 1
1975