L'atelier de Cabanel à l'Ecole des Beaux-Arts
Né à Domène en 1858, Tancrède Bastet est
contraint de subvenir, très jeune, aux besoins
de sa famille en raison du décès prématuré
de son père en 1872. Il commence à travailler
comme « peintre en voitures », mais parvient
à suivre les cours de l’école municipale de
dessin de Grenoble à partir de 1875. Grâce
à une bourse de la Ville de Grenoble, il peut
continuer sa formation à Paris où il est
admis à l’École des beaux-arts dans l’atelier
du maître Alexandre Cabanel (1823-1889),
prix de Rome en 1845 et peintre officiel du Second Empire. Durant ces années, il se
perfectionne notamment dans le portrait et
le nu féminin dans la pure tradition classique.
En 1885, Bastet est admis à concourir pour le
prix de Rome. Il obtient une deuxième place
lors d’une nouvelle tentative en 1887. De
retour à Grenoble, il enseigne à son tour puis
prend la direction de l’école des arts industriels
de Grenoble de 1912 à 1920.
Dans L’Atelier de Cabanel à l’École des beaux-arts,
l’artiste, alors âgé de vingt-cinq ans,
atteste de ses années de formation et nous
révèle l’ambiance studieuse des rapins pendant
le cours de modèle vivant. L’enseignement
du dessin est à la base d’un solide apprentissage
qui commence par l’étude d’après la
bosse avec des moulages de statues antiques,
puis se poursuit avec celle de l’anatomie des
corps. Cette oeuvre est un intéressant témoignage
sur l’organisation spatiale de l’atelier :
les chevalets sont disposés en cercles autour
du modèle masculin posant sur une estrade
à plateau tournant. Les dessinateurs sont
assis au premier rang et les peintres, élèves
plus avancés dans leur cursus, sont debout
derrière leur chevalet. Une grande baie vitrée
laisse entrer la lumière qui souligne la nudité
du modèle et en fait le centre de l’attention.
Alexandre Cabanel réserve les meilleures places
de l’atelier aux étudiants les plus prometteurs,
ceux qui pourront concourir pour le
prix de Rome.
Tancrède Bastet a-t-il glissé dans cette oeuvre
un subtil autoportrait ? Peut-être s’agit-il de
ce jeune homme studieux qui attire le regard
au premier plan.
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