Les Bûcherons

Jan Peeter VERDUSSEN
XVIIIe siècle
Graphite, trait d'encadrement au graphite en bas sur papier vergé crème
17,3 x 28,1 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1914 (lot 2944).

Voir sur navigart

Actif au XVIIIe siècle dans le sud de la France, Verdussen est aujourd’hui un artiste oublié. Il semble avoir beaucoup travaillé pour la noblesse locale et de nombreuses oeuvres de sa main sont encore dans des collections privées. Verdussen excelle dans les batailles, sujet hérité de son père, le peintre Pieter Verdussen (1662-après 1701) et plusieurs de ses compositions, dans la lignée de Snayers et de Van der Meulen, sont conservées dans les collections des musées d’Anvers et de Marseille.
Voyait-on en France en Jan Peeter Verdussen un héritier et successeur de Van der Meulen ? Tout porte à le croire bien que l’école française ait pu s’affirmer au XVIIIe siècle et concurrencer les artistes hollandais ou flamands dans tous les genres, y compris ceux qui leur étaient traditionnellement « réservés » comme le portrait, la scène de genre, le paysage, la nature morte ou les batailles. Rappelons que la renommée des peintres néerlandais en Provence était bien établie depuis le XVe siècle et la présence de Barthélemy d’Eyck, documentée à Aix-en-Provence entre 1447 et 1476, en constitue un bel exemple. Des peintres comme Verdussen poursuivent donc cette vénérable tradition des artistes des Pays-Bas installés dans cette région méridionale.
Sa renommée comme peintre de batailles est si grande que le duc voisin, Charles Amédée III de Savoie, l’appelle à Turin. Entre 1743 et 1746, il le paie pour une grande série de batailles qui continue les cycles guerriers réalisés par Jan van Huchtenburg ou encore de Hyacinthe de la Pegna[1]. Agrégé en 1759 à l’Académie de peinture et de sculpture de Marseille avec un Choc de cavalerie[2], Verdussen meurt à Avignon en 1763. Tout porte à croire qu’il travaille auparavant en Angleterre, comme le montrent deux vues de Richmond on Thames, exposées à Maastricht en 2001[3].
Verdussen semble avoir peint les arrière-plans dans les peintures d’autres artistes provençaux comme Arnulphy (Aix-en-Provence). Honoré Révelly portraiture Verdussen avec sa femme et sa servante[4]. Il peint aussi des scènes de genre, des haltes de militaires ou de voyageurs, des chasses et repos de chasse, des scènes de marchés aux chevaux. Ces dernières sont proches de celles de Philips Wouverman, artiste très recherché au XVIIIe siècle. En résumé, selon Dujardin, Verdussen représente « tous les sujets où il trouvait moyen de faire montre de ses connaissances anatomiques du cheval »[5]. Le dessin de Grenoble a été correctement attribué à Verdussen par Lionel Bergatto en 1994. L’écriture nerveuse, avec de nombreuses hachures parallèles, se retrouve sur d’autres dessins de l’artiste comme dans une Bataille au Wallraf-Richartz Museum à Cologne[6]. Cette technique rappelle l’art des maîtres anversois de la fin du XVIIe siècle comme David Teniers. Il semble que Verdussen ait commencé avec des dessins à la plume[7] pour n’aborder la pierre noire qu’à la fin de sa vie.
Le 18 décembre 1987, quatre peintures, des esquisses représentant les saisons, ont été vendues à Paris à Drouot (n°72). Il s’agit donc de scènes rustiques : les jardiniers représentent le printemps, la danse des bergers, l’été, les bûcherons, l’automne et le repas près de l’âtre, l’hiver. La scène automnale est proche du dessin de Grenoble, en particulier dans la composition, avec un groupe de bûcherons à droite et des chevaux portant le bois à gauche. Le musée de Grenoble possède un autre dessin de Verdussen, stylistiquement très proche de l’oeuvre présentée ici, Trois cavaliers dans un bois discutant avec un homme (MG D 2457).


[1] Voir Meijer, Sluiter et Brizio, 2011, n°946-954.
[2] Marseille, musée des beaux-arts, Inv. n°597.
[3] Galerie Mallet, voir Grant, 11, p. 90.
[4] Voir Auquier, 1906, p. 167, ill.
[5] Voir Dujardin, 1897, p. 162.
[6] Voir Robbels, 1983, n°353.
[7] La Halte, signé et daté de 1730 ; cat. exp. Paris, 1920, n°530.

Découvrez également...