Les trois pêcheurs

Ce paysage animé de trois pêcheurs est le dessin le plus abouti des quinze paysages, conservés sous le nom de Jean Pillement au musée de Grenoble^[1] . D’origine lyonnaise, comme Jean-Jacques de Boissieu (MG D 2426) et Antoine Berjon (MG 2011-0-96), Pillement est formé dans sa ville natale auprès de Daniel Sarrabat. Contrairement à Boissieu, dont toute la carrière se déroule à Lyon, Pillement a rapidement le goût du voyage. Il termine sa formation à Paris en réalisant des cartons de tapisserie pour la manufacture des Gobelins, avant de quitter la France pour sillonner l’Europe. On le retrouve à Lisbonne (1745-1748 et 1780), à Londres (1750-1760), à Vienne (1763), en Pologne (1765-1767) et en Russie (1767). Chaque séjour enrichit le répertoire de ses paysages et lui donne l’occasion de déployer ses talents de décorateur et de peintre. Ponctuellement de retour à Paris, il expose des toiles au Salon du Colisée en 1776 et à celui de la Correspondance en 1782. Dans le même temps, Marie-Antoinette en fait son peintre officiel .
Parallèlement à son importante activité d’ornemaniste et de décorateur, Pillement donne une large part, dans son œuvre peint et dessiné, à la représentation de la nature. Ses paysages vaporeux, baignés d’une lumière parfois artificielle, sont souvent animés de petits personnages. Comme en témoigne le dessin de Grenoble, où l’emploi de la pierre noire estompée est une véritable signature de l’artiste, Pillement puise son inspiration autant dans le paysage classique que dans les œuvres plus naturalistes des Hollandais du XVIIe siècle (Ruysdael, Hobbema …).
Datée de l’an V de la république (1797), l’œuvre se situe à la fin de la carrière de l’artiste, lorsque ce dernier se consacre presque exclusivement au paysage.

^[1] MG D 1155, MG D 2519, MG D 2521, MG D 2522, MG D 2523, MG D 2524, MG D 2525, MG D 2526, MG D 2527, MG D 2528, MG D 2529 (attr. à), MG D 2530 (attr. à), MG D 2532, MG D 2533, MG D 2535, voir Bergatto, 1994, n° 111-125, p. 275-296.