Etude pour une composition représentant la remise des clefs d'une ville à un général victorieux

Domenico CRESTI dit IL PASSIGNANO
XVIe siècle
Plume et encre brune, lavis d'encre brune, trait d'encadrement à la plume et à l'encre brune sur papier vergé gris-bleu cintré par le haut collé en plein
22,4 x 34,1 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3551, n°1518).

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L’ancienne attribution à Taddeo Zuccaro n’était pas dénuée de fondements, même s’il eût été plus pertinent de proposer le prénom de Federico. Les graphèmes du dessin sont en effet imprégnés de référents « federicozuccaresques ». À partir de cette constatation, le champ des attributions s’ouvre à un nombre considérable de dessinateurs potentiels tant la manière de Federico a marqué les artistes, et notamment ses propres collaborateurs qui eurent à travailler sur les chantiers qu’il dirigea, dans les villes où il exerça son talent, à Florence, à Rome, à Venise ou encore dans les Marches où il est né. Il est toutefois possible de restreindre ce champ d’ouverture en raison de la présence d’éléments stylistiques issus de la fréquentation d’artistes vénitiens de la fin du XVIe siècle marqués par Véronèse, tel Palma il Giovane. La combinaison de ces manières trouve son point d’ancrage dans la figure d’un peintre dessinateur, formé à Florence sous la direction de Federico Zuccaro, lorsque ce dernier y fut appelé pour mener à bien le chantier de décoration de la coupole du dôme (1575) et pour qui il travailla et qui partit par la suite à Venise, toujours en tant qu’assistant de son maître (de 1582 à 1589). Giulio Mancini disait de lui, dans ses Considerazioni sulla pittura, au sujet de sa manière picturale qu’elle relevait de « la natione fiorentina e venetiana ». Cet artiste est Domenico Cresti, dit il Passignano. Malheureusement, il semblerait qu’aucune peinture connue de cet artiste ne reprenne le sujet étudié sur ce dessin. Celui-ci reste à déterminer. Tout ce que l’on peut dire est qu’il s’agit de la remise des clefs d’une ville par ses édiles à un général victorieux. Le groupe des édiles est représenté au second plan à dextre et le groupe des militaires à senestre. Au centre, on voit un homme légèrement incliné tenant un plateau, le général à cheval se penche pour y prendre un objet difficilement perceptible mais qui peut s’apparenter à des clefs. Ces deux groupes sont mis à distance du premier plan par des figures repoussoirs et une bande de lavis d’encre brune. Une figure allongée est littéralement posée en lisière de cette bande[1]. Il s’agit très certainement d’une figure allégorique d’un dieu fleuve. Passignano, dans son étude de composition, tient compte du format cintré de l’œuvre picturale à venir. Trois traits partant en biais parcourent cependant la partie supérieure de la composition, laissant suggérer soit un autre type de format, soit plus vraisemblablement un abaissement de la partie supérieure.


[1] Une étude de composition à la plume et à l’encre brune conservée à l’Art Institute à Chicago (inv. 1995.16.7) présente de fortes similitudes stylistiques. Elle étudie l’Investiture du grand-duc Cosme Ier de Médicis comme grand maître de l’ordre des Cavalieri di Santo Stefano daté des années 1597-1598 et peint dans le Salone de’Cinquecento au Palazzo Vecchio à Florence.

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