Sainte Hélène

Classé parmi les anonymes italiens du XVIIIe siècle, ce dessin a été réintroduit dans le petit corpus graphique de Jean Daret par Laurent Salomé et publié en 2005 par Jane MacAvock.
Né à Bruxelles en 1614, Daret est mentionné comme élève d’Antoine von Obstal, un petit maître flamand. Ses premières années demeurent peu documentées et on le retrouve à Paris en septembre 1633 où il assiste au mariage de son cousin, le graveur Pierre Daret. Le passage dans la capitale française, où triomphent Simon Vouet et Jacques Blanchard, est probablement une étape sur le chemin de l’Italie. Par la suite, Daret s’installe à Aix où il est mentionné en 1637 et où se déroulera tout le reste de sa carrière. Il compte parmi les peintres les plus actifs de Provence où il anime l’un des ateliers les plus importants.
Depuis l’étude fondatrice de Philippe de Chennevières[1] , Daret a fait l’objet de plusieurs études fondamentales[2] . Parallèlement à la redécouverte de ses peintures, son œuvre graphique a été reconstitué avec comme socle l’important ensemble de dessins de référence qu’avait réuni Chennevières. Jane MacAvock, qui a consacré une thèse à l’artiste en 2008, en a défini le style graphique dans un article en 2005 et constitué un corpus dessiné qui s’élève aujourd’hui à près d’une quarantaine de feuilles.
La sainte de Grenoble, identifiée avec la mère de Constantin, Hélène, en raison de la présence de la croix dans sa main, est particulièrement significative des particularités qui caractérisent l’art de Daret. De formation nordique, le peintre a certainement été sensible aux créations de Simon Vouet[3] . Le visage rond au nez pointu, le corps élancé et sinueux, l’ampleur des draperies présentent des analogies avec l’art de Vouet. Toutefois, Daret conserve une rigidité qui lui vient certainement de sa première formation. La rondeur un peu pouponne de ses figures, et la lourdeur qui les rend si présentes, soulignent qu’il a probablement aussi observé les créations de Jacques Blanchard, le rival de Vouet au début des années 1630. Lorsque l’on parcourt l’œuvre peint de Daret, on remarque de façon encore plus évidente ces analogies avec Vouet et Blanchard dont les compositions étaient gravées par son cousin à Paris.
Le dessin ne peut pour l’heure être rattaché à aucune composition connue. Il peut toutefois être mis en parallèle avec d’autres études de figures de Daret[4] . Comme l’a souligné MacAvock, les études de l’artiste présentent de façon constante des figures légèrement en mouvement. L’ensemble est cerné par un trait fin et vibrant et mis en volume par un système de hachures parallèles qui indiquent les ombres. La figure est croquée légèrement d’en dessous pour en amplifier la monumentalité. Une autre particularité de l’Aixois est le dessin des mains qu’il réalise toujours de façon sommaire, avec des doigts anguleux et souvent disproportionnés.
En l’absence d’une œuvre en rapport, il n’est pas possible pour l’heure de proposer une datation précise pour cette œuvre. Notons qu’aucun dessin de l’artiste ne peut pour l’heure être daté d'avant 1641.
[1] Chennevières-Pointel, 1847, t. I, p. 43-83. Pour les dessins de la collection Chennevières, voir Prat et Linarès, 2007, n° 249 à 262, p. 290-294.
[2] Rosenberg dans cat. exp. Marseille, 1978, p. 42 ; Homet dans cat. exp. Toulouse, 1992, p. 34-44 ; MacAvock, 2005 et 2008.
[3] Les rapports de Daret avec Vouet demeurent incertains et il est difficile de prouver aujourd’hui que le jeune Flamand a fréquenté l’atelier du premier peintre de Louis XIII.
[4] Voir Étude d’une figure masculine, coll. part (repr. dans MacAvock, 2005, p. 196, fig. 3).
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