Etude d'homme agenouillé

Francesco CURRADI
XVIIe siècle
Sanguine, rehauts de craie blanche sur papier vergé beige doublé
28 x 19,6 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3551, n°1480).

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Le modèle qui pose ici devant l’artiste pourrait être un religieux de l’ordre des Servites, dont l’habit est reconnaissable… L’attitude exprime tout à la fois l’adoration, l’acceptation et l’humilité : à genoux, bras ouverts, paumes tournées vers le haut, buste légèrement redressé, regard intensément tourné vers un point qui échappe au spectateur, mais qui suscite l’attention du sujet, le regard fixe. Nul ne peut s’y tromper : le temps est suspendu dans ce moment exceptionnel de la vision céleste. L’éclairage, qui met en pleine clarté le visage, semble venir d’en haut et de la droite, comme si un faisceau de lumière tombait sur le personnage, laissant dans l’ombre les creux des plis, traités en sfumato. La construction de la forme par la pierre rouge et les rehauts de blanc, essentiels pour le rendu de l’éclairage, est typique de Curradi, qui a aussi bien utilisé la sanguine que la pierre noire. Il est un des dessinateurs florentins à avoir aussi souvent utilisé des papiers gris pour faire ressortir ses modèles.
La volonté d’explicitation du sentiment religieux par une image claire est le propre des artistes florentins, qui, tournant le dos aux recherches du maniérisme, adhèrent à un art militant, destiné à réveiller la foi du spectateur. L’attitude est reprise presque exactement dans la peinture représentant Saint Philippe Neri (Florence, Ss. Michele et Gaetano, sacristie). Dans cette œuvre, Curradi reprend l’iconographie du même sujet traité par Guido Reni, un modèle souvent répété en Toscane (Pistoia, Florence, Uffizi). On voit ainsi comment l’artiste, par de minimes modifications qui lui permettent de varier les motifs, reste fidèle aux schémas établis par les canons iconographiques. La seule variante, en matière d’attitude et d’expression de piété, entre le sujet représenté dans le dessin de Grenoble et le Saint Philippe Neri, réside dans ce léger redressement du buste, que signale habilement le changement de direction des plis, au niveau de la taille, là où le motif rénien soulignait l’immobilisation du saint. Le mouvement du visage est aussi légèrement plus accentué. Cette recherche des variations à l’intérieur du corpus dessiné de Curradi, dont de nombreux dessins nous sont parvenus, se traduit par la multiplicité d’études de pieds, de mains, de jambes, déclinées dans une infinité de poses, ressemblantes, mais non identiques, dont se dégage finalement une impression de monotonie. Ainsi, les études de Mains du musée de Grenoble (Inv. MG D 2142), attribuées à Carlo Dolci, pourraient bien être de lui. Il a été formé dans le contexte des ateliers actifs avant le tournant du XVIIe siècle.
Léonce Mesnard, qui avait attribué le dessin exposé à Jacopo da Empoli, figure dominante de cette génération, ne se trompait guère, même s’il donnait au même artiste la grande étude de Deux hommes marchant, nus (MG D 357 ), qui relève d’une tout autre manière de dessiner, loin des effets doux d’un Curradi. Celui-ci est toujours resté plus ou moins attaché à ce monde, alors que, lorsqu’il mourut, très âgé, l’art à Florence avait considérablement changé, notamment avec l’arrivée de Pierre de Cortone, qui apporta de Rome le souffle nouveau des grands décors baroques.

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